La décision de l'administration Obama de traduire les cinq accusés du 11 septembre devant un tribunal de droit commun à New York divisait vendredi les milieux politiques et associatifs américains.

Au Congrès, les républicains, qui ont tout tenté pour empêcher la venue sur le sol américain des détenus de Guantanamo, se sont insurgés contre l'annonce du futur procès, confirmée par le ministre de la Justice Eric Holder. «La décision de la Maison-Blanche de traduire les accusés du 11 septembre à l'intérieur de nos frontières (...), au lieu de le faire dans le centre de détention sécurisé de Guantanamo, est un pas en arrière pour la sécurité de notre pays et constitue un risque inutile pour les Américains», a indiqué dans un communiqué le chef de la minorité républicaine, Mitch McConnell.

«Les terroristes qui nous ont déclaré la guerre doivent être traités comme des criminels de guerre et traduits en justice pour leurs crimes dans des tribunaux militaires» institués par l'administration Bush, a écrit le sénateur John McCain, ancien rival de Barack Obama à la présidentielle de 2008.

Même le sénateur démocrate Jim Webb s'est dit «inquiet» après la décision annoncée vendredi. M. Webb a comparé les responsables des attentats du 11 septembre aux aviateurs japonais qui ont tué des Américains à Pearl Harbor et estime qu'ils devraient être jugés devant des tribunaux militaires.

Au contraire, le démocrate Patrick Leahy, président de la commission judiciaire du Sénat, a salué la décision de l'administration. «En les traduisant devant des tribunaux de droit commun, nous montrons au monde que le pays le plus puissant de la Terre a aussi confiance en son système judiciaire», a assuré le sénateur.

Le secrétaire à la Défense Robert Gates, a indiqué pour sa part que le fait de «traduire les terroristes en justice est une partie intégrante de notre sécurité nationale».

Pour Anthony Romero, de la puissante organisation de défense des libertés civiles ACLU, «le transfert de ces procès vers des tribunaux de droit commun est une grande victoire pour rétablir le droit, en même temps qu'il rétablit l'image de l'Amérique dans le monde».

«Il est tout à fait adéquat que les suspects de pires actes de terrorisme commis sur le sol américain soient traduit en justice devant les tribunaux ayant le plus d'expérience en matière de dossiers terroriste», écrit Tom Parker, l'un des responsables d'Amnesty international USA.

Pour Joanne Mariner, de Human Rights Watch «les tribunaux d'exception de Guantanamo ne sont tout simplement pas à la hauteur de la tâche».

Ce n'est pas l'avis d'une des associations de familles de victimes, «9/11 Families for a Secure America Foundation». «Nous pensons qu'il s'agit d'une énorme erreur», a dit Ed Kowalski, l'un des responsables de l'association. «Permettre à un terroriste et criminel de guerre d'avoir la chance de bénéficier de la protection des droits constitutionnels américains est une erreur», a-t-il ajouté.

À l'inverse, à l'association «September Eleven Families for peaceful tomorrow», Donna Marsh O'Connor, qui a perdu sa fille dans les attentats, s'est déclarée «heureuse» que Khaled Cheikh Mohammed, le cerveau autoproclamé des attentats, soit enfin traduit en justice. «Nous pensons que c'est la meilleure façon de faire», a-t-elle estimé.