Barack Obama a parlé en détail de la vie des 13 victimes du carnage de Fort Hood, hier, durant une cérémonie funèbre au Texas, sans doute le moment le plus solennel de son administration.

«Il peut être difficile de comprendre la logique pervertie qui a conduit à cette tragédie. Une chose est claire: aucune croyance religieuse ne justifie ces actes meurtriers et lâches. Aucun dieu ne les considère de façon favorable», a dit le président américain, dont le discours était retransmis en direct par les grands réseaux.

M. Obama a noté que les États-Unis ne pourraient exister sans l'apport et les valeurs des 13 militaires qui ont donné leur vie pour la nation. «Et nous savons que le tueur sera puni pour ses actes, dans ce monde comme dans le prochain.»

Plus de 15 000 personnes ont assisté à la cérémonie organisée sur la base texane, dont des milliers de militaires en tenue de camouflage.

Plus tôt dans la journée, Barack et Michelle Obama ont rencontré en privé des rescapés de la fusillade, de même que les familles des défunts.

Jeudi dernier, le major Nidal Malik Hasan, sur le point d'être déployé en Afghanistan, a ouvert le feu dans la base militaire de Fort Hood. Treize personnes sont mortes et 30 ont été blessées.

Hasan est toujours hospitalisé. Il refuse de parler aux enquêteurs.

Soldats musulmans sur la sellette

Les événements tragiques de la semaine dernière ont mis en lumière le rôle des militaires musulmans dans l'armée américaine. Plusieurs dirigeants ont dit craindre que ces militaires ne soient la cible de représailles. Jusqu'ici, aucun incident n'a été signalé.

Hier, le général à la retraite Barry McCaffrey a dit que les soldats faisaient, selon lui, une distinction entre le tueur et sa religion.

«Nous avons des milliers de musulmans américains dans l'armée, ici et sur le terrain, en Irak et en Afghanistan. Je crois que nos militaires comprennent l'importance de leur participation. Ce n'est pas remis en cause.»

Cette semaine, la Société islamique d'Amérique du Nord a mis sur pied un fonds pour venir en aide aux familles des victimes de la tuerie. Le groupe soutient que les incidents racistes sont généralement en hausse lorsqu'un musulman est impliqué dans une tragédie.

Le directeur du groupe, Louay Safi, entend briser le cycle des critiques qui visent sa communauté. «Si un criminel est d'une autre religion, on dit qu'il est un criminel. S'il est musulman, on dit qu'il est musulman.»

M. Safi note qu'il y a environ 15 000 musulmans dans l'armée américaine. Plusieurs sont en outre morts au combat en Irak et en Afghanistan. «Nous faisons partie de la société et voulons être traités comme des citoyens à part entière en retour.»

Appel au calme

Lundi, la famille de Michael Cahill, médecin tué dans le carnage de Fort Hood, a appelé la population à ne pas se montrer hostile envers les musulmans. Sur les ondes de CBS, Keely Vanacker a dit que le tueur était manifestement malade. «La mort de mon père, ou de toute autre victime, ne doit pas être utilisée comme excuse ou comme prétexte pour cibler un groupe de personnes.»

Cela n'a pas empêché certains groupes de droite de faire des affirmations-chocs. Ainsi, l'American Family Association, organisation conservatrice chrétienne, a dit qu'il était temps de «mettre fin à la pratique d'accepter des musulmans dans l'armée».

«Bien sûr, la majorité des musulmans ne tuent pas leurs confrères. Parfait. Dès que les musulmans seront en mesure de détecter clairement les extrémistes dans leurs rangs, nous leur permettrons de réintégrer l'armée», avance l'organisation.