L'ancien président démocrate américain Bill Clinton (1992-2000) a encouragé mardi les sénateurs de son parti à «surmonter leurs divergences» et à adopter le projet de loi de réforme de la couverture maladie du président Barack Obama.

«Quelles que soient leurs divergences, je les ai encouragés à les surmonter afin d'adopter ce projet de loi», a dit à la presse l'ancien président après son déjeuner avec les membres de la majorité démocrate du Sénat.

Quinze ans après que son propre plan a été retoqué, contribuant à la victoire républicaine aux élections parlementaires de mi-mandat de 1994, M. Clinton a tenté de convaincre les élus centristes réticents de donner leur voix à cette réforme. Bill Clinton, un démocrate du sud des Etats-Unis (Arkansas), est lui-même considéré comme proche du centre.

«L'Amérique doit adopter la réforme de la santé (...) car nous dépensons 900 milliards de dollars de plus par an que ce que nous dépenserions avec n'importe quel autre système», a-t-il estimé, avant d'ajouter que «c'est un impératif économique».

Le sénateur Sherrod Brown a indiqué que M. Clinton avait fait allusion notamment à sa tentative malheureuse de réforme pilotée à l'époque par son épouse Hillary, devenue la secrétaire d'Etat de Barack Obama. M. Clinton a prévenu les élus que «le prix de l'échec est trop grand, (et) que l'occasion ne se représentera pas avant longtemps», a dit à la presse le sénateur Brown.

Son collègue Christopher Dodd a ajouté que M. Clinton avait souligné l'argument économique «prédominant» aux Etats-Unis, un pays qui dépense plus pour la santé que tout autre pays industrialisé.

Après l'adoption du projet de loi par la Chambre des représentants samedi, le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, a besoin de 60 voix sur 100 pour échapper à une procédure de blocage de la part de l'opposition républicaine.

Or, plusieurs démocrates modérés, ainsi que l'indépendant Joe Lieberman, qui vote généralement avec la majorité, ont déjà indiqué que le plan tel qu'il existe ne leur convenait pas.

Ils dénoncent essentiellement l'une des composantes de la réforme: la création d'une caisse publique d'assurance maladie qui serait mise en concurrence avec les assurances privées.

La Chambre des représentants a adopté le projet de loi par un vote serré de 220 voix contre 215.

Mais les représentants, poussés par les démocrates anti-avortement, ont ajouté dans leur texte un amendement renforçant l'interdiction de l'utilisation des fonds publics pour les interruptions volontaires de grossesse.

Cette mesure est un obstacle de plus pour l'adoption du projet de loi au Sénat car elle divise les démocrates.

Le sénateur Ben Nelson, l'un des démocrates centristes, a estimé mardi matin sur la chaîne NBC que «s'il peut y avoir des opinions différentes sur l'avortement, je pense qu'une forte majorité est opposée à l'utilisation de fonds publics pour l'avortement».

Le sénateur indépendant Bernie Sanders, marqué à gauche, a jugé mardi «inconcevable» que la mesure ne soit adoptée, avec un président et une majorité démocrate.