La diplomatie du président Barack Obama, basée sur le dialogue, y compris avec les bêtes noires des Etats-Unis comme l'Iran ou la Corée du Nord, n'a jusqu'ici guère porté ses fruits et même ses alliés semblent réticents à le suivre dans cette voie, selon des experts.

«Nous devons ouvrir une nouvelle ère de coopération multilatérale, basée sur un intérêt et un respect mutuels», déclarait en septembre dernier M. Obama à New York devant l'Assemblée générale de l'ONU.

Un an après son élection historique et sa promesse de faire table rase, via le dialogue, avec la diplomatie de confrontation de son prédécesseur George W. Bush, Barack Obama peut être crédité d'avoir donné une nouvelle impulsion au climat diplomatique mondial, comme en attestent sa popularité à l'étranger ou son prix Nobel de la Paix.

Mais ses résultats s'arrêtent là ou presque: l'Iran défie toujours les grandes puissances sur le nucléaire et le conflit en Afghanistan s'enlise.

M. Obama avait également souhaité repartir «à zéro» avec la Russie, mais rien n'indique que Moscou est prêt à soutenir les Américains dans les dossiers internationaux.

La volonté de dialogue peut parfois conduire à la faiblesse, soulignent des experts.

«S'agit-il de vraiment de dialoguer pour obtenir quelque chose ou bien est-ce juste pour le plaisir de le faire?», interroge Juan Zarate, ancien conseiller antiterrorisme de M. Bush et expert dans un groupe de réflexion de Washington, le Center for Strategic and International Studies.

«Le problème avec la politique de la main tendue, c'est que vous permettez à votre adversaire de dicter les termes du dialogue», poursuit-il, alors que l'Iran a fait savoir cette semaine qu'il rejetait ce type de dialogue.

L'opposition républicaine ne se prive pas de souligner l'absence de résultats tangibles en reprochant à M. Obama de s'être livré, au fil de ses différentes visites à l'étranger, à une «grande tournée mondiale d'excuses».

Les partisans du président avancent de leur côté que sa politique étrangère portera ses fruits, mais qu'il faut lui laisser du temps, et qu'un seul homme ne peut à lui seul changer le monde.

M. Obama doit au contraire montrer que la patience des Etats-Unis a des limites, assure le professeur Bruce Buchanan, de l'université du Texas.

«Les gens se demandent si (Obama) est réellement capable d'être ferme avec l'Iran», souligne-t-il.

Si l'Iran constitue peut-être le test le plus sérieux pour M. Obama, ses autres dossiers ne sont guère plus réjouissants: depuis son arrivée au pouvoir, la Corée du Nord a procédé à un deuxième test d'une bombe atomique, l'hostilité de Cuba n'a guère diminué et ses efforts pour un retour au dialogue dans le conflit israélo-palestinien se heurtent à un mur d'indifférence.

Et si les ennemis des Américains boudent la doctrine Obama, leurs alliés ne semblent pas non plus enclins à suivre son appel au multilatéralisme: les Européens restent timides sur l'Afghanistan devant l'impopularité soulevée par le conflit.

C'est lors de la campagne présidentielle qu'était née cette approche des relations diplomatiques. Interrogé pour savoir s'il était prêt à rencontrer directement les dirigeants des pays ennemis des Etats-Unis, M. Obama avait répondu «Je le ferai».

Mais il ne l'a toujours pas fait.

«On le voit au cours de cette présidence: M. Obama a vraiment une approche technocratique et pragmatique (...), ce qui montre qu'il est quelqu'un de bien différent de celui qu'il était pendant la campagne», estime Julian Zelizer, spécialiste des présidents américains à l'université de Princeton.