La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a réaffirmé lundi l'opposition américaine à de nouvelles colonies israéliennes, cherchant à rassurer les Palestiniens tout en insistant à nouveau pour une reprise sans préalable des négociations de paix.

«La position de l'administration Obama sur les colonies est claire, sans équivoque. Elle n'a pas changé: les États-Unis n'acceptent pas la légitimité de la poursuite des implantations israéliennes», a déclaré à Marrakech (sud du Maroc) Mme Clinton, avant une rencontre avec son homologue marocain Taieb Fassi-Fihri. Mme Clinton avait appuyé samedi soir l'offre israélienne de gel partiel, la qualifiant de «sans précédent» et suscitant la déception des Palestiniens, qui refusent de reprendre les négociations de paix avec Israël faute d'un gel total de la colonisation.

L'offre du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu «est loin (...) de ce que nous préférerions. Mais si elle est mise en oeuvre, cela sera une restriction sans précédent de la colonisation et cela aura un effet significatif», a-t-elle insisté lundi à Marrakech, où elle doit rencontrer ses homologues arabes.

«J'offre mon renfort aux parties quand je pense qu'elles font des pas allant dans le sens de soutenir l'objectif d'une solution à deux États», s'est-elle justifié.

Mme Clinton a repris à dessein l'expression «sans précédent» pour rendre hommage aux efforts palestiniens pour la sécurité.

«J'ai dit au premier ministre Netanyahu que ces gestes positifs de la part des Palestiniens devaient susciter des gestes positifs d'Israël sur les déplacements, les accès (...) et l'organisation israélienne de la sécurité en Cisjordanie», a-t-elle déclaré.

«Israël a fait quelques pas en ce sens, mais doit faire beaucoup plus», a-t-elle poursuivi.

Washington s'était prononcé au printemps pour un gel complet de la colonisation, non seulement en Cisjordanie mais aussi à Jérusalem-est.

«Tout en rejetant la légitimité des colonisations, nous pensons également qu'elles ne devraient pas être une condition préalable à des négociations», a expliqué lundi à l'AFP le porte-parole de Mme Clinton, Philip Crowley.

Les États-Unis «traitent la question des colonies comme la météo: un sujet intéressant de conversation, mais impossible à changer», commentait pour sa part Haaretz, le quotidien israélien de gauche, en rappelant que le président Barack Obama avait pourtant «proposé que cela change».

Mme Clinton a déjeuné lundi avec le ministre marocain des Affaires étrangères Taieb Fassi-Fihri, avant un entretien à Ouarzazate (au sud-est de Marrakech) avec le roi Mohammed VI.

Le souverain devrait réaffirmer le soutien du Maroc à l'initiative arabe de paix, qui propose la paix contre la récupération des terres occupées par Israël et le retour aux frontières de 1967, a-t-on indiqué de source marocaine proche du gouvernement.

Il devrait une nouvelle fois souligner que la solution pour un retour de la paix dans la région est la réalisation et la cohabitation de deux États, c'est-à-dire la création d'«un État palestinien indépendant et viable sur tous les plans», avec Jérusalem-est comme capitale, a-t-on ajouté de même source.

Dimanche, M. Fassi Fihri avait loué l'administration Obama pour avoir «tracé la perspective et exprimé clairement sur quelle base les résultats des négociations devront être établis», tout en jugeant que «toutes les conditions ne sont pas réunies pour une négociation effective et sérieuse».

Hillary Clinton est à Marrakech jusqu'à mardi pour le Forum pour l'avenir, une initiative commune des États membres du G8 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et Russie) et d'une vingtaine de pays de la région.