Le président Barack Obama a pris vendredi l'avis de ses généraux sur l'opportunité et les implications concrètes de l'envoi de renforts en Afghanistan, enjeu primordial d'une intense réflexion stratégique qui touche à présent à sa fin.

M. Obama a rassemblé son état-major pendant environ 90 minutes dans les sous-sols de la Maison-Blanche et la salle ultra-sophistiquée de gestion des crises pour entendre de certains des principaux intéressés ce qu'ils pensent du déploiement éventuel de dizaines de milliers de soldats supplémentaires, malgré des pertes de plus en plus lourdes.

Selon son porte-parole Robert Gibbs, M. Obama voulait «parler avec eux de l'évaluation de la situation faite par le général McChrystal», élément essentiel des consultations tous azimuts commencées en août sur tous les aspects, militaires, mais aussi civils, d'une nouvelle stratégie pour l'Afghanistan et le voisin pakistanais.

Le commandant américain en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, réclamerait, 40 000 hommes, en plus des près de 68 000 soldats américains déjà déployés en Afghanistan. À défaut de renforts importants, la mission afghane va selon lui à l'échec.

Le conseil de guerre de vendredi donnait à M. Obama la possibilité d'écouter les chefs de l'état-major interarmées et les commandants des armées de terre et de l'air, de la marine et du corps des Marines livrer leur opinion stratégique, et détailler le niveau de disponibilité et de préparation de leurs troupes.

Face à M. Obama, flanqué de son vice-président Joe Biden, son secrétaire à la Défense Robert Gates et de hauts conseillers, les généraux pouvaient faire part de leurs inquiétudes devant de nouvelles contraintes imposées à une armée dont les capacités de déploiement ne sont pas infinies.

La tenue de cette réunion confirme que M. Obama se rapproche de l'une des décisions les plus importantes de sa présidence.

Son porte-parole a souligné que la séance de vendredi, la septième, n'était peut-être pas la dernière.

Mais la concertation «touche à sa fin», a-t-il dit, s'en tenant à l'annonce d'une décision dans les prochaines semaines.

Mais M. Obama est soumis à une pression grandissante.

Quand il s'est rendu dans la nuit de mercredi à jeudi sur une base aérienne du Delaware (est) pour y assister pour la première fois au retour des dépouilles de 18 Américains, la mère d'une des victimes lui aurait demandé de ne plus tarder.

Selon la secrétaire d'État Hillary Clinton, le second tour de la présidentielle afghane le 7 novembre représentera un moment «crucial».

«J'imagine que (M. Obama) prendra sa décision après qu'on aura enfin résolu la question de l'élection afghane», a dit Mme Clinton.

L'imbroglio auquel a donné lieu la présidentielle a compliqué la tâche de M. Obama. La nécessité d'inclure le Pakistan voisin, théâtre lui aussi de combats féroces et sans lequel la crise afghane ne semble pouvoir être réglée, a rallongé les délibérations.

M. Obama doit décider s'il passe outre l'opposition grandissante, dans l'opinion et chez ses amis démocrates, à une guerre qu'il juge nécessaire, mais qui a déjà coûté la vie de plus de 800 soldats américains. Non seulement la guerre n'offre aucune perspective de sortie après plus de huit ans, mais elle s'intensifie.

Octobre a été le mois le plus meurtrier depuis 2001 pour les Américains en Afghanistan. Ils y ont perdu au moins 54 des leurs.

La crainte d'un enlisement a été rappelée vendredi par Mme Clinton, qui a assuré que l'engagement américain aurait un jour une fin et a contesté que les États-Unis étaient en train de perdre la guerre.