La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a soufflé le chaud et le froid au cours de sa visite au Pakistan, accusant les autorités de ne pas tout faire pour arrêter les dirigeants d'Al-Qaeda, avant de sembler faire machine arrière, puis d'enfoncer le clou.

«C'est dans l'intérêt bien compris du Pakistan et le nôtre d'essayer de capturer ou de tuer les dirigeants d'Al-Qaeda, parce que nous pensons que cela serait un coup sévère aux terroristes partout», a répété vendredi la chef de la diplomatie américaine.

La veille, elle avait durci le ton jeudi à l'égard du gouvernement pakistanais, au deuxième jour d'une visite initialement dédiée à améliorer la relation entre les deux pays.

Lors d'une rencontre avec des éditorialistes à Lahore (est), Mme Clinton s'était étonnée que les dirigeants d'Al-Qaeda, que l'on dit en partie établis dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais, n'aient pas encore été arrêtés, alors que le Pakistan est l'allié des États-Unis dans leur guerre contre le terrorisme depuis 2001.

«Al-Qaeda a trouvé abri au Pakistan depuis 2002. Je trouve difficile à croire que personne dans votre gouvernement ne sache où ils sont, ni ne puisse les arrêter s'il le voulait vraiment», avait-elle ironisé lors d'une rencontre avec la presse à Lahore.

Elle a d'abord semblé faire machine arrière vendredi matin,

«J'ai dit que je ne savais pas si quelqu'un savait», a-t-elle souligné lors d'un forum avec des femmes journalistes à Islamabad.

«Le Pakistan doit se concentrer sur ceux qui vous attaquent, mais d'après tout ce que nous savons, Al-Qaeda est en relation avec les gens qui attaquent le Pakistan», a-t-elle poursuivi, admettant aussi que «ce n'était peut-être pas le cas auparavant».

Mais lors d'un nouvel entretien vendredi après-midi avec des journalistes, la secrétaire d'État est repartie à la charge en exprimant sa consternation sur le fait que le Pakistan ne fasse rien pour arrêter les chefs d'Al-Qaeda.

«Nous ne savons pas où ils sont et je n'ai aucune information sur le fait qu'ils (les autorités pakistanaises, ndlr) savent où ils sont, mais c'est un gouvernement aux multiples ramifications. Quelqu'un, quelque part au Pakistan doit savoir où sont ces gens», a-t-elle assuré.

«Et nous aimerions le savoir, parce que nous voyons en eux le coeur de la menace terroriste envers le Pakistan, l'Afghanistan, nous et les gens du monde entier», a poursuivi Mme Clinton.

«Je pense que c'est très clair et je suis convaincue que vous ne débarrassez jamais le Pakistan de la menace du terrorisme si vous ne vous débarrassez pas d'Al-Qaeda», a martelé le secrétaire d'État.

«C'est un sujet très personnel pour moi en raison de ce qui s'est passé le 11 septembre. J'étais sénateur de New York», a-t-elle rappelé.