Les chefs démocrates du Congrès américain, qui ont promis une réforme de la protection santé avant la fin de l'année, n'ont plus que quelques semaines pour offrir une victoire à Barack Obama sur l'un des plus grands projets politiques de sa présidence.

La présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a déclaré récemment à la presse qu'elle aimerait voir le projet de loi «promulgué par le président d'ici à Thanksgiving (26 novembre), en tout cas certainement cette année». La réforme de M. Obama a atteint un stade jamais égalé auparavant, après avoir été approuvée par cinq commissions du Congrès. Mais le choix, bientôt débattu devant les deux chambres, d'un système public d'assurance-maladie qui ferait concurrence aux compagnies privées pourrait encore rencontrer des obstacles.

Une «option publique» serait une grande première aux États-Unis où toute intervention étatique rencontre une forte opposition. À la Chambre, où les démocrates jouissent d'une forte majorité, le projet de loi incluant une «option publique» a de fortes chances d'obtenir les 218 voix sur 435 nécessaires à son adoption.

Le choix d'un système d'assurance publique a été renforcé par le fait que le Bureau du budget du Congrès (CBO) a donné la semaine dernière à Mme Pelosi une première estimation d'une réforme santé avec une «option publique» qui se situe sous la barre des 900 milliards de dollars, la limite fixée par l'administration.

Incertitude au Sénat

En revanche, au Sénat l'incertitude régnait encore lundi concernant les 60 voix sur 100 nécessaires à l'adoption du projet de loi.

La commission de la Santé a approuvé en juillet un projet de loi contenant une «option publique», alors que la commission des Finances ne l'a pas inséré dans le projet de loi qu'elle a approuvé début octobre.

D'intenses discussions ont eu lieu ces derniers jours entre la Maison-Blanche, le président de la commission des Finances Max Baucus, le sénateur Christopher Dodd qui avait mené les débats à la commission de la Santé et le chef de la majorité démocrate Harry Reid.

Lundi, l'échéance de la fin de l'année approchant, M. Reid a finalement annoncé que «le meilleur moyen de progresser est d'inclure une option publique avec la possibilité pour les États d'y déroger».

Le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs a indiqué dans un communiqué que M. Obama était «ravi que le Sénat ait décidé d'inclure une option publique de couverture maladie».

Au risque de s'aliéner les démocrates centristes et Olympia Snowe, la seule républicaine qui a voté pour la réforme santé en commission, M. Reid a donc tranché pour une option publique.

Sans affirmer qu'il disposait des 60 voix nécessaires, M. Reid s'est montré confiant lundi. «Nous avons 60 personnes dans notre groupe. C'est un certain niveau de confort», a-t-il dit.

Par ailleurs, le chef démocrate s'appuie sur le soutien d'une majorité d'Américains qui estiment dans plusieurs sondages que le gouvernement doit s'impliquer dans le système de couverture maladie.

Les républicains restent farouchement opposés au système public d'assurance. «Cela sera un projet de loi de 1000 pages et de 1000 milliards de dollars qui augmentera les impôts», a indiqué Mitch McConnell, le chef de la minorité républicaine su Sénat dans un communiqué.

Le projet de réforme vise à faire baisser les coûts de la santé aux  États-Unis, à améliorer la qualité des soins et à donner à quelque 46 millions d'Américains qui en sont dépourvus une couverture santé.