Neuf mois après l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche, certains s'inquiètent de ce que le président n'ait toujours pas désigné de chef à la tête de l'Agence des États-Unis pour le développement international, dont il dit pourtant vouloir faire un acteur de premier plan de sa politique étrangère.

L'USAID est censée monter en puissance dans le cadre de la nouvelle stratégie américaine de «smart power» («pouvoir de l'intelligence»), qui vise à l'équilibre entre la diplomatie et la défense dans la gestion des affaires étrangères.

La vacance du poste, à l'heure où la présidence veut revoir la stratégie en Afghanistan et double le budget de l'aide internationale par rapport à l'administration Bush, pourrait donc affaiblir l'agence la mieux placée pour redorer le blason des États-Unis hors de ses frontières en améliorant les conditions de vie dans le monde.

En Afghanistan et au Pakistan, tout renfort éventuel de la présence militaire, que discutent Barack Obama et ses responsables de la sécurité, devra s'accompagner d'un effort américain conséquent pour les aspects civils. L'absence de directeur de l'USAID dans ces consultations à la Maison-Blanche «nuit au message (présidentiel) sur le développement international», estime Brian Atwood, ancien administrateur de l'agence dans les années 1990.

Les présidents démocrate Bill Clinton (1993-2001) et républicain George W. Bush (2001-2009) avaient pour leur part trouvé un chef de l'USAID dans les deux mois après leur entrée en fonctions. Barack Obama a par ailleurs déjà pourvu plus de 60% des postes sujets à l'approbation du Sénat, comme ses prédécesseurs à la même époque, selon l'organisation indépendante Presidential Transition Project.

La Maison-Blanche n'a pas fourni d'explication à l'absence de nomination à la tête de l'USAID mais selon le porte-parole Tommy Vietor, M. Obama entend désigner un candidat adéquat aussi vite que possible. Cela n'a pas empêché, souligne M. Vietor, le lancement de projets de développement ambitieux, notamment celui d'un programme de sécurité alimentaire de 20 milliards de dollars (13,3 milliards d'euros).

En attendant, le Congrès aussi s'impatiente. Le mois dernier, le sénateur démocrate John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères, et Dick Lugar, chef des républicains dans la commission, ont écrit une lettre conjointe à Barack Obama pour le prévenir de ce que leurs efforts pour soutenir ses ambitions en termes de développement «souffraient de l'absence de direction» de l'USAID.

Mais, sachant que la nomination sera soumise à de minutieuses vérifications et que le poste n'est pas vraiment défini, la principale difficulté pour le président consiste peut-être à trouver quelqu'un qui accepte de relever le défi. Plusieurs personnalités auraient déjà décliné l'offre, dont Paul Farmer, renommé pour son travail en faveur du développement en Haïti et au Rwanda.

Pour accélérer le processus de confirmation, MM. Kerry et Lugar ont suggéré de choisir quelqu'un qui y a déjà survécu. La secrétaire d'État Hillary Rodham Clinton, qui avait espéré annoncer la nomination de Paul Farmer en juillet, n'a pas caché qu'elle trouvait la procédure de confirmation «ridicule», «frustrante au-delà des mots». C'est «un cauchemar», a-t-elle lancé.

La nomination d'un administrateur à la tête de l'USAID soulagerait Mme Clinton d'un poids, car pour l'instant, elle est la principale avocate de la politique de développement dans les réunions sur l'Afghanistan et le Pakistan à la Maison-Blanche.