Le président américain Barack Obama a salué mardi l'organisation d'un second tour de la présidentielle en Afghanistan le 7 novembre et félicité en personne le président sortant Hamid Karzaï de l'avoir acceptée, mais réserve sa décision sur l'envoi de renforts dans ce pays.

«Je salue la déclaration du président Karzaï aujourd'hui (mardi) acceptant la certification de l'élection du 20 août, et donnant son accord pour participer à un second tour de l'élection», a déclaré M. Obama, qui a ensuite indiqué avoir parlé à M. Karzaï au téléphone mardi matin pour le «féliciter» de cette décision.

M. Karzaï et son ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah s'affronteront le 7 novembre lors d'un second tour rendu nécessaire après l'invalidation de nombreux suffrages suspects en faveur du président sortant.

La Commission électorale afghane a en effet annoncé que les annulations de bulletins de vote frauduleux avaient fait passer M. Karzaï sous le seuil des 50% nécessaires pour être élu au premier tour.

Ces derniers jours, la Maison-Blanche avait augmenté ses pressions sur M. Karzaï, remarquant qu'il était «extrêmement important» que le prochain gouvernement afghan soit légitime, et expliquant qu'aucune décision sur l'envoi de troupes supplémentaires ne serait prise tant que ce ne serait pas le cas.

Le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs, a souligné mardi qu'une décision du président avant le second tour n'était pas sûre. «Je ne pense pas que cela ait été décidé», a déclaré M. Gibbs.

M. Obama, qui a promis une décision «dans les prochaines semaines», a toutefois saisi l'occasion d'une cérémonie de décoration d'anciens combattants de la guerre du Vietnam pour répéter ses principes en la matière.

«Si nous envoyons nos soldates et nos soldats vers le danger, cela doit uniquement se faire lorsque c'est absolument nécessaire. Et lorsque nous le faisons, il faut que nous les soutenions avec la stratégie, les ressources, l'appui dont ils ont besoin pour remplir leur mission», a expliqué M. Obama.

Quelque 68 000 soldats américains devraient être stationnés d'ici à la fin de l'année en Afghanistan. Ce conflit de plus en plus sanglant rencontre une opposition grandissante de la part de l'opinion publique américaine.

Le commandant américain sur le terrain, le général Stanley McChrystal, réclamerait jusqu'à 45 000 soldats supplémentaires pour combattre les talibans et empêcher Al-Qaeda de reprendre pied dans le pays qui lui avait servi de base pour lancer les attentats du 11 septembre.

Mardi, le sénateur républicain John McCain, candidat malheureux à la Maison-Blanche contre M. Obama, a lui aussi accueilli favorablement l'annonce du second tour, mais réclamé l'envoi immédiat de renforts.

«Il est irréaliste d'espérer que la pratique du pouvoir afghan s'améliorera sans l'amélioration de la sécurité. C'est pourquoi (...) je continue à exhorter le président Obama à fournir le plus vite possible à notre armée et aux dirigeants civils en Afghanistan les ressources dont ils ont besoin», a déclaré M. McCain.

Mais le chef de la majorité démocrate de la Chambre des représentants, Steny Hoyer, a défendu le fait que M. Obama réserve sa décision. «Mes collègues républicains ont perdu de vue l'Afghanistan pendant sept ans (...) ils n'ont pas envoyé les moyens nécessaires et ils n'ont pas réussi», a-t-il dit.

«Donc, le fait que le président prenne son temps (...) je crois que c'est exactement ce qu'il doit faire», a-t-il affirmé.