Un juge fédéral américain a entériné vendredi la décision des autorités de censurer certains témoignages effectués par des détenus de Guantanamo concernant leurs conditions de détention dans des prisons gérées par l'agence de renseignement américaine CIA.

La puissante Association américaine de défense des libertés civiles (Aclu) avait réclamé la publication de ces témoignages effectués devant des tribunaux de la prison américaine à Cuba en se fondant sur la loi américaine sur la Liberté d'informer (FOIA).

Mais le juge Royce Lamberth du tribunal fédéral de Washington a rejeté la requête de l'association.

«La cour estime que la défense a montré que si les témoignages des détenus étaient rendus publics, la sécurité nationale serait probablement mise en danger et que la défense n'a pas classé une partie des témoignages des détenus pour cacher des violations de la loi ou éviter l'embarras», écrit le juge Lamberth.

L'Aclu a condamné cette décision et annoncé son intention de faire appel.

L'un des avocats de l'organisation, Ben Wizner, a estimé que «la décision de la cour permet au gouvernement de continuer à étouffer ces récits de première main sur la torture - pas pour protéger un quelconque intérêt légitime de sécurité nationale, mais pour éviter que d'anciens et d'actuels responsables ne rendent des comptes».

«Alors qu'on en sait beaucoup sur le programme de torture de l'administration Bush, la CIA continue à censurer les témoins directs les plus importants, les victimes de torture elles-mêmes», a-t-il ajouté.

Selon M. Wizner, les compte-rendus des témoignages des détenus - dont celui de Khalid Sheikh Mohammed cerveau autoproclamé des attentats du 11-Septembre -, fourniraient des informations «cruciales» sur «le programme de torture de la CIA».

Khalid Sheikh Mohammed fait partie des détenus dite de haute importance qui ont transité par les prisons secrètes de la CIA à l'étranger. Il avait été transféré à Guantanamo avec 13 autres détenus en 2006.