Les Etats-Unis ont exprimé mercredi leur gratitude envers la Grande-Bretagne pour l'envoi de renforts en Afghanistan, alors que leur président Barack Obama continuait ses consultations secrètes avec son conseil de guerre avant de décider ou pas de suivre le mouvement.

Tandis que l'allié britannique a annoncé qu'il dépêchait 500 hommes de plus, le porte-parole de la Maison Blanche a démenti des informations selon lesquelles M. Obama avait déjà informé le Premier ministre Gordon Brown que, sous peu, il annoncerait à son tour un renforcement important du contingent américain.

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Selon la BBC, M. Obama pourrait dépêcher en Afghanistan 45 000 soldats en plus des 65 000 environ qui s'y trouvent déjà, et pourrait le faire savoir la semaine prochaine.

«Ce n'est pas vrai», a dit le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs. Certes, M. Brown a partagé sa décision la semaine passée lors d'un entretien avec M. Obama. Mais, de son côté, «le président n'a pris aucune décision» et il ne le fera que «dans les prochaines semaines», a dit M. Gibbs.

Les Etats-Unis sont «reconnaissants» envers la Grande-Bretagne de sa contribution alors qu'elle a déjà payé un «énorme tribut», a dit M. Gibbs.

Plus de 200 soldats britanniques ont été tués depuis le début des hostilités en 2001 et environ 800 soldats américains sont morts.

Après l'annonce britannique, refuser le moindre renfort paraît difficile pour M. Obama. Tarder l'expose aux accusations d'indécision.

Mais il n'est pas au bout de sa réflexion, selon son porte-parole.

Il a réuni mercredi pour la cinquième fois ses généraux, ministres, diplomates et collaborateurs concernés dans la salle ultra-sécurisée et ultra-sophistiquée servant à la gestion des crises.

Il s'agit d'arrêter une nouvelle stratégie et de décider ou non d'accéder aux demandes de son commandant sur le terrain, le général Stanley McChrystal.

Celui-ci a soumis plusieurs scénarios à M. Obama. Mais la préférence du général irait à l'envoi de 40.000 hommes supplémentaires, peu ou prou le chiffre avancé par la BBC.

M. Obama est confronté à l'opposition grandissante chez les Américains à une guerre vieille de plus de huit ans et de plus en plus sanglante.

Le doyen du Sénat Robert Byrd, 91 ans, s'est fait l'écho des réserves qu'ont les amis démocrates de M. Obama. «Faut-il vraiment 100.000 soldats américains pour trouver Oussama Ben Laden?», s'est-il demandé, posant l'une des questions centrales du débat public et des consultations secrètes de M. Obama: en Afghanistan, pour quoi faire?

M. Obama a signifié que l'objectif n'était pas d'établir une démocratie à l'américaine, mais d'empêcher que l'Afghanistan ne serve à mener contre les Etats-Unis des attentats semblables à ceux du 11 Septembre.

Même ses hauts collaborateurs sont partagés sur la manière d'y parvenir. Le vice-président Joe Biden préconiserait une approche antiterroriste visant plus Al-Qaïda que les talibans tandis que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et le secrétaire à la Défense Robert Gates auraient une vision plus large, avec des dimensions civile, diplomatique et économique.

Pour l'administration Obama se pose avec acuité la question de la légitimité du prochain gouvernement, après l'imbroglio des récentes élections.

Le porte-parole de M. Obama a indiqué que les Etats-Unis allaient «coopérer avec le gouvernement local quel qu'il soit», tout en affirmant qu'«il est extrêmement important d'avoir un partenaire solide et crédible dans ce processus».

La tâche est encore compliquée par les tensions au Pakistan, appelé à prendre une part considérable dans le réexamen de la stratégie.