Un juge fédéral a ordonné jeudi à Washington la publication d'une partie des interrogatoires de l'ancien vice-président américain Dick Cheney menés par le FBI dans le cadre de l'enquête sur Valerie Plame, ex-agent de la CIA dont le nom avait été révélé à la presse en 2003.

Le groupe de pression Citoyens pour la responsabilité et l'éthique à Washington (Crew) avait déposé une plainte en 2008 pour obtenir ces documents, après que l'administration Bush eut protesté du privilège de l'exécutif pour ne pas les fournir au Congrès.

Crew affirmait qu'il souhaitait voir le pays informé «sur le rôle que le vice-président Cheney a joué dans la fuite (à la presse) de l'identité de couverture de Mme Plame et la base sur laquelle a été prise la décision de ne pas le poursuivre en justice».

A quoi le ministère de la Justice opposait le risque que «la révélation de tels documents pourrait décourager de hauts responsables de la Maison Blanche de faire volontairement des déclarations à la police».

Dans une décision dont l'AFP s'est procuré copie, le juge Emmet Sullivan donne raison en partie à Crew et en partie au ministère de la Justice.

«Le tribunal ne peut pas permettre au gouvernement de garder secret des documents entiers (...) parce que leur publication pourrait avoir un impact sur d'éventuelles futures enquêtes», affirme-t-il.

Il reconnaît néanmoins que pour des raisons de sécurité nationale, une partie doit rester confidentielle parce qu'elle donnerait des informations sur «le processus de décision» et le «privilège présidentiel de communication».

En juillet 2003, l'ancien ambassadeur américain Joseph Wilson avait accusé l'administration Bush d'avoir exagéré la menace représentée par l'Irak pour justifier son invasion. Plusieurs articles de presse avaient ensuite révélé que son épouse Valerie Plame était un agent de la CIA.

Révéler cette identité classée secret défense à la presse est un crime fédéral aux Etats-Unis.

Seul Lewis Libby, ancien directeur de cabinet de Dick Cheney, a été poursuivi. Condamné en 2007 à deux ans et demi de prison pour obstruction à la justice, faux-témoignage et parjure, il a été gracié par le président Bush.

Les époux Wilson-Plame ont ensuite engagé des poursuites au civil contre M. Cheney mais ont été déboutés l'année dernière en appel. La Cour suprême a refusé en juin de se saisir de leur requête.