Le président Barack Obama a renforcé jeudi la pression sur l'Iran, refusant de lui laisser croire que des discussions «constructives» avec six grandes puissances sur le nucléaire et une rencontre historique entre Américains et Iraniens lui permettaient de souffler.

M. Obama a au contraire maintenu la menace de sanctions si Téhéran ne faisait pas suivre rapidement ces discussions de mesures «concrètes» offrant à la communauté internationale la garantie que son programme nucléaire civil n'est pas une couverture pour se doter de la bombe atomique.

«Notre patience n'est pas illimitée», a prévenu M. Obama après des discussions cruciales à Genève entre les représentants de six grandes puissances (P5+1) et ceux de la République islamique, et la première rencontre directe entre deux hauts émissaires américain et iranien depuis longtemps.

La réunion de Genève «représente un début constructif, mais elle doit être suivie d'actes constructifs», a dit M. Obama à la Maison Blanche.

«Nous attendons des actes rapides (...) parler pour le plaisir de parler, ça ne nous intéresse pas. Si l'Iran ne prend pas dans un futur proche les mesures montrant qu'il honore ses obligations, les Etats-Unis ne vont pas continuer à négocier indéfiniment, et nous sommes prêts à augmenter la pression», a-t-il dit.

Echaudé par ce que les Occidentaux considèrent comme les manoeuvres dilatoires menées depuis des années par les Iraniens, M. Obama utilisait là le langage à peine codé pour évoquer de nouvelles mesures de rétorsion, en plus des trois trains de sanctions déjà imposées par l'ONU.

L'Iran doit fournir dans les deux semaines aux inspecteurs internationaux un accès «sans restriction» à une site nucléaire dont l'existence vient d'être révélée et qui a renforcé le soupçon sur la finalité du programme nucléaire iranien, a dit M. Obama.

L'Iran a d'autres «mesures concrètes» à prendre pour restaurer la confiance, a-t-il dit.

Il n'a pas précisé son propos. Mais les exigences des Etats-Unis et de leurs alliés consistent en une suspension par l'Iran de ses activités ultra-sensibles d'enrichissement d'uranium, qui peut être détourné de ses fins civiles pour fabriquer la bombe, ou encore une coopération totale de sa part pour éclaircir ses agissements passés.

M. Obama a rappelé ce que l'Iran avait à gagner ou à perdre. En accédant aux exigences, le pays peut avoir de meilleurs rapports avec le reste du monde et les Etats-Unis, avec lesquels les relations sont rompues depuis 1980, une rupture à laquelle l'Iran paie un lourd tribut, a-t-il dit.

La rencontre historique à Genève entre les négociateurs en chef des deux pays devait donner un avant-goût à l'Iran.

Ou bien Téhéran peut choisir de s'isoler encore davantage.

M. Obama a adopté cette double approche quand il a pris la succession de George W. Bush qui, lui, refusait le dialogue avec l'Iran sans suspension de l'enrichissement.

Il prend le risque, en cas d'échec des négociations, de voir sanctionner l'un des principes de sa diplomatie, celui de donner sa chance au dialogue, même avec les ennemis des Etats-Unis.

Il s'expose aussi à l'accusation de donner au gouvernement iranien une légitimité laminée par la présidentielle controversée.

Or, au moment même où il négociait, l'Iran faisait savoir qu'il ne renoncerait jamais à ses «droits absolus» au nucléaire.

Pour prémunir M. Obama contre le reproche de naïveté ou même de faiblesse, ses collaborateurs soulignent qu'en même temps qu'ils négocient, ils continuent à travailler à de nouvelles sanctions.

D'ici à la fin de l'année, les Etats-Unis se seront fait une religion quant à la bonne volonté de l'Iran, a dit le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs.