Les Etats-Unis sont disposés à ce que leur représentant à des discussions multilatérales cruciales prévues jeudi à Genève avec les Iraniens ait des entretiens seul à seul avec le représentant de la République islamique, a indiqué un haut responsable de l'administration.

De telles rencontres entre représentants de deux pays qui ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 sont exceptionnelles.

Les pauses entre les séances de travail mettant face-à-face six grandes puissances (P5+1) et l'Iran «permettront aux différentes délégations, y compris au P5+1 en tant que groupe, de se réunir pour se concerter; cela donnera aussi l'occasion, si c'est utile à la discussion, de conversations bilatérales entre les membres du P5+1 et le groupe iranien», a dit ce responsable sous le couvert de l'anonymat.

Il a indiqué que la teneur de la possible discussion entre le secrétaire d'Etat adjoint William Burns et le négociateur en chef iranien, Saïd Jalili, était ouverte.

Les sujets sont à la discrétion de M. Burns, ce sera à lui «de décider ce qui doit être mis en exergue, quel message supplémentaire doit être délivré, s'il veut entrer davantage dans les détails sur quelque chose qui s'est fait dans la salle» de négociations, a-t-il dit.

Un autre responsable a souligné qu'une telle rencontre, si elle avait lieu, constituerait un événement rare mais qu'elle aurait des précédents car des discussions bilatérales de haut niveau avaient eu lieu sur l'Afghanistan ou l'Irak sous la précédente administration.

Plusieurs responsables de l'administration ont exposé les attentes des Américains quand, avec les Allemands, les Britanniques, les Chinois, les Français et les Russes, ils rencontreront les Iraniens jeudi:

- que le programme nucléaire iranien soit au premier plan des discussions;

- que les Iraniens donnent aux inspecteurs internationaux un accès «très rapide, complet et sans restriction» à l'usine proche de Qom, dont l'existence secrète vient d'être révélée;

- que des discussions aient lieu sur d'autres mesures que devraient prendre les Iraniens pour fournir la garantie de la nature civile de leurs activités nucléaires;

- et que les Iraniens s'engagent à un véritable processus de négociations, permettant de fixer les dates de nouvelles rencontres.

Ils ont prévenu qu'en même temps qu'ils acceptaient pour la première fois de s'asseoir avec les représentants des cinq autres puissances et de la République islamique pour discuter du nucléaire iranien, ils continuaient à travailler à des sanctions s'ils n'obtenaient pas satisfaction.

«Un processus de discussions sans fin, pour le plaisir de parler, ça n'intéresse pas les Etats-Unis», a dit un haut responsable.

«Ce sont des gestes tangibles que nous voulons, pas un processus bidon», a dit un autre.

Ils ont réagi avec prudence à la proposition iranienne de dernière minute dans laquelle une tierce partie, et non l'Iran lui-même, enrichirait l'uranium destiné à alimenter un réacteur de recherche à Téhéran.

«Il faut voir», a dit l'un d'eux.

Il a indiqué que la journée de jeudi était consacrée au dialogue, et non pas aux pressions, l'autre aspect de la double approche de l'administration.

Mais il a prévenu que les Etats-Unis avaient beaucoup travaillé à l'élaboration de nouvelles sanctions si elles se révèlent nécessaires, et que cet effort se poursuivait en même temps que celui de reprise du dialogue.