Le président Barack Obama a prévenu mercredi une opinion publique de plus en plus impatiente avec l'Afghanistan qu'il prendrait son temps avant de décider s'il enverrait ou non davantage de soldats américains dans une guerre qui va s'intensifiant.

«Je veux être absolument clair, parce qu'on a beaucoup parlé de ça dans la presse: il n'y a pas de décision immédiate en vue sur les ressources» en hommes, a dit M. Obama alors que le chef d'état-major américain, Michael Mullen, avait jugé la veille de tels renforts «probablement» nécessaires.

Lors d'une apparition devant la presse à l'occasion d'entretiens avec le Premier ministre canadien Stephen Harper à la Maison Blanche, M. Obama a redit que les Etats-Unis n'avaient pas eu jusqu'alors une stratégie «claire» en Afghanistan et a invoqué le réexamen en cours de cette stratégie par les responsables militaires et civils américains.

«Une chose qui est absolument claire pour moi, c'est que vous devez d'abord vous entendre sur ce qu'est la bonne stratégie et qu'ensuite vous vous prononcez sur les ressources» en hommes, a-t-il déclaré, affirmant sa volonté de ne pas «mettre la charrue avant les boeufs» malgré la pression exercée par la dégradation sur le terrain et l'opposition croissante à une guerre qui dure depuis huit ans.

Les Américains, les Afghans, les Américains et leurs alliés «veulent une explication plus claire sur ce que sont nos objectifs et nos plans. Moi aussi», a déclaré de son côté le sénateur démocrate John Kerry, qui préside la commission des Affaires étrangères.

L'administration Obama a présenté mercredi au Congrès américain une liste de critères censés évaluer les progrès réalisés en Afghanistan et au Pakistan.

Dans ce document, dont l'AFP a obtenu copie, elle suggère notamment de mesurer les avancées via le «niveau de violences», «le pourcentage de population vivant dans des zones sous contrôle des insurgés», «le volume du trafic de drogue», ou encore «les efforts du gouvernement afghan pour mettre en place des programmes de réconciliation».

Mais d'autres critères sont plus difficilement quantifiables, comme «le soutien aux droits de l'homme», les progrès accomplis pour «stabiliser le gouvernement et le système judiciaire pakistanais», ou encore «la confiance de la population afghane» dans son gouvernement.

M. Obama et ses collaborateurs examinent actuellement un rapport confidentiel du nouveau commandant des forces américaines et des forces de l'Otan en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, rapport réexaminant la stratégie américaine.

Le général McChrystal passe pour devoir faire suivre ce rapport d'une demande de troupes supplémentaires.

C'est une décision politiquement risquée. M. Obama, qui a fait de l'Afghanistan une grande priorité internationale et qui y a déjà annoncé l'envoi de 21 000 soldats supplémentaires pour porter le contingent à 68 000 hommes, voit l'opposition à la guerre augmenter jusque dans les rangs de ses amis démocrates, mais aussi chez les alliés des Etats-Unis.

Le mois d'août a été le plus meurtrier pour les soldats américains depuis le début de la guerre en 2001. La suspicion pesant sur la régularité de la récente présidentielle accroît le doute quant à la possibilité de progrès dans ce pays.

M. Obama recevait mercredi en la personne du Premier ministre canadien le dirigeant d'un pays qui affiche sa fermeté à retirer ses soldats d'Afghanistan en 2011.

Il a souligné que sa décision sur les renforts serait précédée «d'amples consultations» notamment avec les partenaires de l'Otan.