Barack Obama a insisté à nouveau samedi sur la nécessité d'adopter rapidement sa réforme du système de santé, tentant d'y rallier ceux qui ne se sentent pas concernés en avertissant qu'ils risquaient de perdre leur assurance si rien n'était fait.

«Je n'accepterai pas le statu quo», a averti le président américain.

M. Obama a souligné qu'au cours des 12 derniers mois, près de 6 millions d'Américains avaient perdu leur assurance-santé. «Nous ne sommes pas seulement en train de parler des Américains qui sont dans la pauvreté. Nous parlons des Américains de la classe moyenne. En d'autres termes, cela peut arriver à tout le monde», a-t-il dit dans son allocution radiodiffusée hebdomadaire.

«Chaque jour d'attente supplémentaire signifie qu'un plus grand nombre d'Américains vont perdre leur couverture santé, leurs entreprises, leurs maisons, mais aussi les rêves pour lesquels ils ont travaillé et la tranquillité d'esprit qu'ils méritent. C'est pour eux que nous devons réussir», a-t-il aussi plaidé.

Le président a répété ces arguments plus tard dans la journée au cours d'un meeting à Minneapolis (Minnesota), insistant sur le fait que «personne ne devrait se retrouver ruiné parce qu'il est malade» devant plusieurs milliers de personnes enthousiastes.

M. Obama a invoqué à l'appui de ses déclarations un nouveau rapport du département du Trésor prévoyant qu'environ la moitié des Américains de moins de 65 ans perdront leur couverture santé à un moment ou à un autre au cours des 10 prochaines années si rien n'est fait.

Ce document publié samedi et portant sur une période allant de 1997 à 2006, montre que sur 10 ans, 48% des Américains de moins de 65 ans se retrouvent à un moment ou à un autre sans assurance pendant au moins un mois. Ceux qui ont perdu leur assurance-santé se sont retrouvés sans couverture pendant une moyenne de 3,6 ans.

Barack Obama a appelé dans son allocution les Américains à placer le pays et leur famille avant leurs intérêts partisans. «Accordez-nous votre aide, et nous aurons une réforme de l'assurance-santé cette année», a-t-il dit.

Dans une interview qui sera diffusée dimanche dans l'émission 60 minutes sur la chaîne CBS et dont un extrait a été diffusé à l'avance, il insiste sur sa responsabilité dans l'adoption de cette loi.

«Je n'ai aucun intérêt à faire adopter une loi qui ne fonctionnera pas», a-t-il dit. «J'ai l'intention de rester président un certain temps, et une fois cette loi adoptée, ce sera la mienne. Et si les gens disent: "les coûts n'ont pas baissé pour moi. Mes primes continuent de monter de 25%, les compagnies d'assurance continuent de m'embobiner", c'est moi qu'on tiendra pour responsable».

La réforme de la santé était une des principales promesses de campagne de M. Obama. Quelque 47 millions d'Américains sont actuellement dépourvus de couverture, soit 15% de la population.

Les républicains s'opposent à une «option publique» sous la forme d'une nouvelle assurance médicale publique qui couvrirait ceux qui n'en ont aucune autre. M. Obama est favorable à cette option pour forcer les assureurs privés à proposer des polices plus abordables, mais s'est dit ouvert à d'autres idées.

Les républicains et certains démocrates s'inquiètent aussi du coût. M. Obama l'a chiffré à 900 milliards de dollars sur dix ans, financé en grande partie en économisant dans les dépenses de santé, en combattant la fraude et le gaspillage. Le reste serait payé par les assureurs et les compagnies pharmaceutiques.