Jusqu'à mercredi soir, Joe Wilson, 62 ans, était l'obscur représentant de la 2e circonscription de Caroline du Sud. Après avoir traité Barack Obama de menteur devant l'Amérique entière, son statut a quelque peu changé.

«Vous mentez!», s'est exclamé mercredi soir M. Wilson au cours d'un discours solennel du président américain devant les deux chambres du Congrès, lorsque celui-ci a affirmé que sa réforme du système de santé ne bénéficierait pas aux immigrés illégaux.

M. Wilson a présenté ses excuses moins de trois heures après son commentaire qu'il a qualifié de «déplacé» et «regrettable».

Mais le discours de Barack Obama n'était pas encore terminé que le site internet officiel de l'élu républicain à la Chambre des représentants était saturé, victime d'un trop grand nombre de connexions simultanées.

Jeudi et vendredi, toutes les conversations dans les couloirs du Capitole portaient sur le «héros» de la veille, Joe Wilson. La ligne téléphonique de son bureau était occupée ou en absence.

Toujours sur internet, le compte de Joe Wilson sur le site de socialisation Twitter a connu un énorme afflux de lecteurs, avec plus de 9 500 personnes vendredi.

Sa page sur l'encyclopédie en ligne Wikipédia s'est enrichie, avec notamment un chapitre intitulé: «débordement pendant le discours présidentiel en 2009», mais a dû être verrouillée pour éviter les ajouts malveillants.

Toutefois, la notoriété toute fraîche de M. Wilson comporte de nombreux inconvénients.

Depuis mercredi soir et le fameux «Vous mentez !», son opposant démocrate pour les élections de mi-mandat de 2010, Rob Miller, lui aussi quasi-inconnu jusqu'à cette semaine, a récolté plus de 800 000 dollars de dons, selon le site démocrate ActBlue.

En outre, un nouveau site «Joetheheckler.com» (Joe le perturbateur) est apparu sur internet avec une pétition réclamant le départ de M. Wilson de la Chambre des représentants. «Désolé, Joe, mais tu dois partir», lit-on sur la page d'accueil qui montre une photo du représentant pointant son index, au moment fatidique de sa remarque au président.

Mais de son côté, Joe Wilson a lui aussi a récolté plus de 700 000 dollars, selon une source républicaine. En outre, sa spontanéité a provoqué un renouveau, dans le débat sur la réforme de la santé, de la question de l'immigration.

Jeudi, M. Wilson a insisté sur le sujet qui avait provoqué son commentaire: «nous devons discuter des problèmes pour aider (...) les Américains, ce qui ne comprend pas les immigrés illégaux».

Selon lui, la Maison Blanche a accepté de discuter avec lui «de façon courtoise» sur cette question.

De plus, à la suite de l'incident de mercredi soir, selon le site Huffington Post, spécialisé dans la vie politique américaine, le Sénat va intégrer dans son projet de loi des mesures pour empêcher les immigrés illégaux de bénéficier de l'assurance santé.

Le mot de M. Wilson entendu par tous les parlementaires réunis dans la Chambre des représentants et par des millions de téléspectateurs avait été fermement condamné par ses collègues, y compris républicains.

Barack Obama a accepté les excuses du parlementaire. «Je crois fermement que nous faisons tous des erreurs», a-t-il dit.