Après un mois d'août tumultueux au cours duquel la confiance des Américains à son égard s'est effritée, Barack Obama a tenté mercredi soir de reprendre la main sur le dossier de la santé. Il a exhorté le Congrès à adopter rapidement une réforme dont profiteraient des millions d'Américains qui bénéficient d'une assurance maladie et encore davantage ceux qui n'en ont pas.

«Je ne suis pas le premier président à adopter cette cause, mais je suis déterminé à être le dernier», a déclaré Barack Obama, dans un discours jugé crucial pour sa réforme et sa présidence.

Le chef de la Maison-Blanche a explicité pour la première fois les modalités d'une réforme qui doit atteindre trois grands objectifs. Il s'est employé à décrire ces objectifs et à s'attaquer à ce qu'il a qualifié de «mythes» et de «mensonges» concernant la réforme du système de santé. Jusque-là, il avait tenté de rester au-dessus de la mêlée et de laisser les détails aux parlementaires.

«Le temps des querelles est révolu», a-t-il déclaré. «Le temps des petits jeux est terminé. Le moment d'agir est arrivé.»

Tout en dénonçant «le même spectacle partisan qui ne fait que renforcer le mépris que de nombreux Américains ont envers leur propre gouvernement», le président s'est dit ouvert aux idées des parlementaires démocrates et républicains.

«Mais sachez ceci : je ne perdrai pas mon temps avec les calculateurs pour lesquels il est de meilleure politique de tuer ce plan que de l'améliorer», a-t-il dit, en allusion aux républicains qui ont souhaité voir la réforme du système de santé devenir son Waterloo.

En défendant son approche, le président démocrate a insisté en premier lieu sur la nécessité d'offrir «plus de sécurité et de stabilité» à ceux qui ont déjà une assurance maladie. Il a ainsi promis qu'une nouvelle loi interdirait aux assureurs de refuser une couverture à cause d'antécédents médicaux ou de retirer, sous un prétexte ou un autre, leur couverture à des personnes malades.

Il a également assuré que la réforme fournira une assurance maladie aux dizaines de millions d'Américains qui n'en ont pas. Il s'est dit ouvert, pour atteindre cet objectif, à l'instauration d'un régime public qui coexisterait avec les assurances privées. Et il a promis que la réforme freinera la croissance des coûts de la santé.

À la fin de son allocution, il a fait appel à la compassion de ses compatriotes. Il a cité de façon émouvante une lettre de Ted Kennedy, ardent défenseur de l'assurance maladie universelle, qui lui a été remise après la mort du sénateur.

«Ce à quoi nous faisons face, a-t-il écrit, est d'abord et avant tout une question morale. Ce qui est en jeu ne se réduit pas aux détails d'une politique mais touche aux principes fondamentaux de justice sociale et au caractère de notre pays», a dit le président, qui a notamment salué Victoria Kennedy, la veuve du sénateur, assise à la gauche de sa femme, Michelle.

C'est donc sur un ton émouvant que Barack Obama a choisi de clore son allocution, qui faisait suite à plusieurs sondages indiquant que la réforme du système de santé minait sa popularité.