Les autorités californiennes ont déposé un recours devant la Cour suprême américaine, lui demandant de bloquer la libération de 46 000 prisonniers de cet Etat en deux ans ordonnée en août par un tribunal fédéral, estimant que cela créerait un «danger» pour la population.

Dans une requête déposée vendredi et dont l'AFP s'est procuré copie lundi, le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, et d'autres responsables estiment que la décision du tribunal fédéral en première instance «va placer les populations (...) en danger s'il est mis en application».

Ils affirment leur intention de déposer une requête en bonne et due forme dans un délai de 30 jours pour réclamer son annulation par la plus haute juridiction du pays, mais demandent à celle-ci auparavant de suspendre son application, prévue pour commencer le 18 septembre.

Les autorités californiennes estiment aussi que cette décision aura pour conséquence «de détourner l'attention des parlementaires et de l'exécutif californiens de l'élaboration d'une réforme pénitentiaire initiée par l'Etat lui-même, au moment où celui-ci en a le plus besoin».

A l'origine, deux prisonniers avaient déposé des recours devant un tribunal, affirmant que la surpopulation carcérale les empêchait d'accéder, comme la Constitution le leur garantit, à des soins médicaux et psychiatriques.

Le 9 août, en formation exceptionnelle de trois juges, le tribunal fédéral leur a donné raison, arguant de la loi fédérale selon laquelle si la surpopulation est reconnue comme étant «la cause première» du préjudice, il peut ordonner la libération de prisonniers.

Sa décision prévoit que «46 000 détenus» soient relâchés, «soit 25% de la population carcérale totale, d'ici deux ans» et impose à l'Etat de lui fournir un plan détaillé sur la conduite de ces libérations d'ici le 18 septembre.

«Chaque jour où la décision du tribunal plane sur la Californie, elle place une tension immense sur les ressources actuelles de l'Etat et créé une angoisse intolérable tant sur les responsables que sur les habitants de l'Etat le plus peuplé du pays», affirment les autorités californiennes.

La question de la surpopulation carcérale californienne s'était posée lors du dernier débat sur le budget, en déficit chronique, mais face à la levée de boucliers des républicains, qui menaçaient de ne pas voter le budget, M. Schwarzenegger avait dû faire marche arrière et renoncer à libérer des prisonniers.

Les prisons californiennes, dans cet Etat de 37 millions d'habitants prompt à infliger des peines longues pour des délits mineurs, sont parmi les plus peuplées des Etats-Unis.