L'armée américaine en Afghanistan a annoncé lundi qu'elle mettrait fin prochainement au contrat la liant avec un groupe de relations publiques à qui elle sous-traitait l'établissement de fiches sur la production des journalistes couvrant le conflit afghan.

«Nous avons soumis une requête en résiliation» du contrat avec le groupe Rendon, a déclaré le colonel Wayne Shanks, un porte-parole américain de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'OTAN en Afghanistan. Cette décision a été prise «pour le confort du gouvernement» américain, a-t-il dit.

«Il est devenu évident que maintenir le contrat avec Rendon nous distrayait de notre mission principale», a ajouté le porte-parole.

Le contrat d'un an courait jusqu'en janvier 2010, a-t-il précisé, ajoutant que Rendon avait travaillé pour l'Isaf sur d'autres contrats depuis plusieurs années.

L'armée américaine en Afghanistan avait admis jeudi classer les articles sur la guerre en catégories «positif», «négatif» ou «neutre», et établir des fiches sur la production des journalistes, tout en assurant que ce classement n'influait pas sur l'accès au terrain des reporters.

Le Pentagone s'était distancé de ces pratiques, révélées par le journal Stars and Stripes, en assurant ne pas y avoir recours.

«Cette information ne sert qu'à évaluer notre capacité à communiquer efficacement», avaient affirmé les forces armées américaines en Afghanistan

«Ces rapports ne «notent» pas les journalistes ou les groupes de médias», et «les forces américaines en Afghanistan n'ont jamais refusé l'accès à un reporter en fonction de ses articles passés», selon la même source.

Quant aux fiches individuelles établies sur les journalistes demandant à accompagner les troupes sur le terrain, elles servent seulement à «préparer les dirigeants avant des interviews», et ne contiennent qu'«une biographie basique et un résumé de ce qu'ils ont couvert récemment».

Selon Stars and Stripes, une publication américaine financée par le Pentagone mais indépendante au niveau éditorial, ces «fiches» visent aussi à déterminer comment influer sur la production d'un journaliste intégré dans une unité militaire.

D'après l'une de ces récentes «fiches», vue par le journal, «la couverture des forces armées américaines d'un reporter de l'un des plus éminents journaux américains est notée «neutre ou positive», et ses articles négatifs «pourraient être neutralisés» en lui fournissant des citations de responsables militaires».

Ces informations interviennent sur fond d'impopularité croissante de la guerre en Afghanistan. Selon un récent sondage, 51% des Américains estiment que ce conflit ne vaut pas la peine d'être mené.