La puissante Association américaine de défense des libertés civiles (ACLU) a protesté jeudi contre le refus du Pentagone et de la CIA de lui fournir des informations précises concernant les détenus de la prison de Bagram, parfois surnommée le «Guantanamo afghan».

Cette association a assuré dans un communiqué avoir cherché à obtenir «les noms et nationalités» des quelque 600 actuels prisonniers à Bagram, base militaire américaine à 50 km au nord de Kaboul, ainsi que «depuis combien de temps ils sont détenus, où ils ont été arrêtés et d'autres informations indispensables».

Cette demande a été faite en avril auprès des ministères de la Défense, de la Justice, du Département d'Etat et des services de renseignement, en vertu de la loi américaine sur la Liberté d'informer (FOIA).

Mais, «le secrétariat à la Défense a dit à l'ACLU qu'il disposait d'une liste où figuraient ces informations élémentaires mais qu'il ne la divulguait pas», a expliqué l'organisation, en regrettant que le Pentagone ait justifié ce refus par des «raisons de sécurité nationale et des considérations de respect de la vie privée».

«La CIA a même refusé de confirmer l'existence d'informations en sa possession sur les détenus de Bagram», a ajouté l'association.

Elle a affirmé avoir écrit des lettres aux deux instances pour protester contre leur refus de se conformer à la FOIA.

«Il existe de fortes inquiétudes que Bagram soit un nouveau Guantanamo, à la différence près que ses prisonniers ont encore moins de droits, pas d'accès à des avocats ou à des tribunaux, et d'après ce qu'on sait, des conditions de détention plus pénibles», a estimé dans le communiqué Melissa Goodman, une avocate auprès de l'Aclu.

D'anciens détenus de la prison de Bagram ont affirmé avoir subi de nombreux sévices, avoir été battus, privés de sommeil ou menacés avec des chiens, selon une enquête récente de la BBC.

Une des inquiétudes principales pour les organisations de défense des droits de l'homme est que certains détenus de Bagram n'ont pas été arrêtés en Afghanistan, sur le champ de bataille, mais dans d'autres pays. Ils ont ensuite été transférés en Afghanistan comme d'autres l'avaient été, au début des années 2000, à Guantanamo.