La candidate de Barack Obama à la Cour suprême, Sonia Sotomayor, qui devrait devenir la première femme d'origine hispanique à occuper un poste aussi prestigieux, devrait être nommée par le Sénat d'ici vendredi, mais seulement après un débat qui s'annonce vif.

Entamée mardi soir, la discussion du Sénat américain en séance plénière devrait s'achever jeudi soir ou vendredi matin, où aura lieu le vote final.

En rappelant qu'elle serait «seulement la troisième femme nommée à la Cour suprême», l'influent sénateur démocrate Patrick Leahy, chargé de présenter la candidate à l'ensemble des sénateurs, a plaidé en faveur de cette juge de cour d'appel de New York, âgée de 55 ans.

«Une Cour plus diversifiée qui comprend mieux quel impact peuvent avoir ses décisions sur les réalités quotidiennes peut aider à éviter les écueils dans lesquels est tombée la Cour ces dernières années», a-t-il déclaré.

Pour le camp conservateur, le sénateur républicain Jeff Sessions a exprimé son désaccord: «nous devons rester attentifs à ce que la politique n'affecte pas le judiciaire», a-t-il rappelé.

Née de parents porto-ricains, élevée dans le quartier sensible du Bronx à New York, diplômée de la très prestigieuse université de Princeton, diabétique, divorcée sans enfant: Mme Sotomayor est la candidate de l'«empathie» voulue par le président américain, un concept rejeté par les conservateurs pour qui un bon juge se contente de respecter la lettre de la Constitution.

En pleine tempête politique autour de l'assurance maladie et de la crise économique, les luttes partisanes ont pris le dessus lors de ses séances de confirmation devant la commission des Affaires judiciaires du Sénat en juillet.

Tout au long de ce grand oral, Mme Sotomayor s'est efforcée de démentir les accusations de parti-pris ethnique, promettant «fidélité à la loi» et désavouant avec force une de ses déclarations passées selon laquelle «une femme hispanique avisée» ferait un meilleur juge qu'un homme blanc.

Au final, alors qu'elle était vue par l'administration Obama comme une modérée de gauche qui pouvait rallier le vote conservateur, Mme Sotomayor peut compter, outre les 60 voix démocrates (dont deux indépendants) sur 100 au Sénat, sur six votes républicains.

Mme Sotomayor disposera néanmoins de plus de suffrages que le dernier juge nommé en date, Samuel Alito, candidat de George W. Bush sur la fin de son second mandat en 2006, qui n'avait été confirmé que par 52 voix pour et 48 contre.

Outre le souvenir cuisant de cette laborieuse confirmation, les républicains reprochent notamment à Mme Sotomayor ses positions sur l'avortement ou les armes. Le puissant lobby des armes à feu, la NRA, a appelé à rejeter sa nomination, une donnée capitale dans le vote républicain, susceptible de compter davantage encore que la peur de déplaire à la communauté hispanique.

Le sénateur John McCain, candidat républicain malheureux à la présidentielle de 2008, a déjà annoncé qu'il voterait contre sa nomination bien qu'il lui reconnaisse toute «l'expérience professionnelle et les qualifications qu'on attend d'un juge à la Cour suprême».

«Quelqu'un qui n'évalue pas le bon sens des limites posées au pouvoir judiciaire dans notre système démocratique, ne dispose pas des qualifications essentielles pour être nommé à vie à la Cour», a expliqué M. McCain.

Le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs a estimé mardi que la décision du sénateur républicain était «décevante».