Barack Obama, confronté à de premiers signes sérieux de doute chez les Américains après six mois de pouvoir, va payer de sa personne pour réaliser une grande réforme du système de santé dont le succès ou l'échec pourrait être déterminant pour la suite de sa présidence.

Avec 59% d'opinions favorables, M. Obama reste un président populaire, indique un sondage publié lundi.

Mais c'est la première fois qu'il recueille moins de 60% dans cette enquête pour la chaîne ABC News et le quotidien Washington Post. C'est aussi six points de moins qu'en juin.

Avec un chômage à plus de 10% dans 15 Etats et à Washington, une reprise de l'activité économique qui tarde et un déficit dépassant 1 000 milliards de dollars, M. Obama voit la proportion des insatisfaits augmenter sur des questions primordiales.

Cinquante-deux pour cent des Américains soutiennent son action économique. Mais ils étaient 56% le mois précédent.

La confiance recule aussi quant à l'efficacité des plans de M. Obama pour améliorer la situation économique: 72% juste avant son investiture en janvier contre 56% aujourd'hui.

Les adversaires républicains de M. Obama, qui restent beaucoup moins populaires que lui mais se rétablissent un peu dans le sondage publié lundi, ne se privent pas de proclamer l'échec du plan de relance de 787 milliards de dollars qu'il a promulgué en février. Non seulement le plan ne fonctionne pas, mais il laisse une dette insupportable aux générations à venir, disent-ils.

La question budgétaire est centrale dans le grand débat du moment: la réforme d'un système de santé décrit comme l'un des plus chers au monde et l'un des moins performants des pays industrialisés.

M. Obama joue gros dans cette affaire et va occuper le devant de la scène dans les prochains jours pour faire adopter la réforme cette année. Le sujet devrait dominer une conférence de presse prévue mercredi. Jeudi, il motivera un déplacement à Cleveland (Ohio).

Lundi, il s'est rendu dans un hôpital pour enfants de Washington pour évoquer ces femmes qui ne peuvent se permettre un suivi de leur maternité ou ces parents qui ne peuvent payer les examens médicaux de leurs petits.

Et il s'en est sévèrement pris à ses adversaires, les décrivant comme les partisans du statu quo.

«L'autre jour, un sénateur républicain disait, je cite: si nous réussissons à arrêter Obama, ce sera son Waterloo à lui. Il sera brisé», a rapporté M. Obama, faisant référence à des propos de Jim DeMint.

«Ce n'est pas de moi qu'il s'agit. Il ne s'agit pas de politique. Il s'agit d'un système de santé qui brise le dos des familles américaines, des entreprises américaines et de l'économie américaine», a-t-il dit.

Les républicains n'ont pas été en reste; leur président Michael Steele a dénoncé les projets de M. Obama comme «une expérience risquée qu'on mène avec notre système de santé au prix de plusieurs milliers de milliards de dollars».

Ce n'est pas la première fois que le président s'engage personnellement pour faire adopter ses projets (comme le plan de relance) ou désamorcer la controverse (sur la fermeture du camp de Guantanamo).

Mais la santé passe pour un test de sa capacité à réformer, à vaincre les réticences dans son propre camp et à rallier une partie de ses adversaires.

Or la réforme ne se heurte pas seulement à l'opposition farouche des républicains. Elle divise les démocrates dont beaucoup, l'esprit déjà aux élections parlementaires à mi-mandat de 2010, la jugent trop chère ou se demandent comment ils vont la défendre auprès de leurs électeurs.