La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton est arrivée vendredi en Inde pour renforcer le partenariat avec la dixième puissance économique de la planète devenue un acteur majeur sur les questions du nucléaire, du commerce mondial ou du changement climatique.

Pour son premier voyage à l'étranger depuis qu'elle s'est cassé le coude le mois dernier, le chef de la diplomatie américaine s'est rendu à Bombay, la capitale économique frappée en novembre par des attentats imputés à un groupe islamiste pakistanais. Elle ira dimanche à New Delhi pour y rencontrer le Premier ministre Manmohan Singh et le ministre des Affaires étrangères S.M. Krishna.

«J'espère qu'une nouvelle ère de coopération plus forte entre l'Inde et les États-Unis constituera l'une des réalisations de nos deux nouveaux gouvernements», a écrit Mme Clinton dans une tribune en Une du journal Times of India.

«Nous pensons que l'Inde a une excellente occasion -c'est aussi de plus en plus une responsabilité dont elle est consciente- de jouer un rôle non seulement régional, mais aussi mondial», avait-elle déclaré en quittant Washington.

Amorcé sous les présidences de Bill Clinton, le rapprochement historique entre les États-Unis et l'Inde a dominé la diplomatie asiatique des deux mandats de George W. Bush. Un accord de coopération dans le nucléaire civil -âprement négocié pendant trois ans car l'Inde refuse de signer le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP)- est venu en octobre consacrer le réchauffement entre New Delhi et Washington, après des décennies de tensions sous la Guerre froide, lorsque l'Inde était plus proche économiquement et militairement de l'URSS que des États-Unis.

Selon son entourage, Mme Clinton espère annoncer les deux sites choisis par l'Inde pour l'implantation de centrales nucléaires civiles américaines. «Nous espérons (...) travailler ensemble au renforcement d'un régime mondial de non-prolifération», a-t-elle précisé dans le Times of India. La secrétaire d'État souhaite également resserrer les liens avec le gouvernement indien du Parti du Congrès reconduit en mai, dans l'éducation, la défense, l'agriculture, les sciences et technologies, ainsi que les droits des femmes.

Elle table aussi sur une coopération élargie sur les problématiques internationales: réchauffement climatique, prolifération nucléaire ou libéralisation du commerce mondial, notamment après des tensions indo-américaines en 2008 sur les négociations du cycle de Doha de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). «Nous pensons qu'il est possible de progresser sur ces trois dossiers», a déclaré le secrétaire d'Etat adjoint pour l'Asie, Robert Blake, qui voyage avec Mme Clinton.

Mme Clinton est aussi accompagnée de son émissaire spécial pour le changement climatique, Todd Stern. Washington compte trouver un accord au cours de la conférence de l'ONU sur le réchauffement climatique prévue en décembre à Copenhague, mais l'Inde refuse jusqu'à présent de s'engager sur des réductions chiffrées d'émissions de gaz à effet de serre.

Pour Evan Feigenbaum, un ancien responsable du département d'État spécialiste de l'Asie, les deux pays pourraient s'entendre en coopérant sur les sources d'énergie renouvelables. Mme Clinton a prévu de quitter l'Inde mardi pour se rendre à Bangkok, en Thaïlande, avant de participer mercredi à Phuket à une réunion ministérielle de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), qui regroupe Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Birmanie, Philippines, Singapour, Vietnam et Thaïlande.