Sonia Sotomayor a tenté mercredi de désamorcer les inquiétudes de sénateurs républicains sur la question de l'avortement, au troisième jour de l'audition devant le Sénat américain de celle qui devrait devenir la première juge hispanique de la Cour suprême.

Mme Sotomayor, 55 ans, a tout d'abord assuré à la frange conservatrice de son auditoire que ni le président Barack Obama, qui l'a nommée, ni son équipe, ne l'avaient questionnée sur sa position sur ce sujet qui ne cesse de déchaîner les passions aux Etats-Unis.

Dans un arrêt de 1973, la Cour suprême a estimé l'avortement conforme à la Constitution. Pour autant, nombreux sont les législateurs américains --et pas uniquement républicains-- qui souhaiteraient voir l'avortement pénalisé de nouveau.

«Personne ne m'a posé de questions (sur l'avortement), même pas le président, sur mon opinion sur quelque point juridique que ce soit» avant d'être nommée, a dit Sonia Sotomayor.

La magistrate répondait au sénateur républicain John Cornyn du Texas qui s'était fait l'écho d'un article selon lequel la Maison Blanche aurait laissé entendre que Mme Sotomayor penchait du côté des défenseurs du droit à l'interruption de grossesse, afin de rassurer ces derniers.

La semaine dernière, le président Obama s'était engagé auprès du pape Benoît XVI à tenter de réduire le nombre d'avortements aux Etats-Unis, lors d'une visite au Vatican.

Plus tard, au cours de la séance de questions des sénateurs, le républicain Tom Coburn, connu pour son opposition à l'avortement, s'est excusé pour une série de bruyantes interruptions de séance orchestrées par des militants hostiles au droit à l'avortement, lors des deux premiers jours de l'audition.

Lundi et mardi, des intrus avaient crié à tue-tête des slogans tel que «L'avortement est un meurtre!» en direction de la magistrate, avant d'être escortés hors de la salle.

«Toute personne qui, comme moi, aime la vie et qui s'oppose au droit à l'avortement sait bien que ce n'est pas en leur criant dessus qu'on change l'avis des gens, c'est en les aimant», a dit M. Coburn.

En retour, la candidate du président Obama a souri. L'élu de l'Oklahoma lui a aussi demandé dans quelle mesure les avancées technologiques qui permettent de prolonger l'espérance de vie des enfants nés prématurément devraient peser dans la vie politique américaine.

«Je ne peux pas répondre à cette question. Elle est très abstraite», a rétorqué Mme Sotomayor, ajoutant que «les choix politiques n'avaient pas leur place dans l'enceinte d'un tribunal».

Autre sujet de discussion controversé abordé par les sénateurs: les écoutes téléphoniques effectuées sans mandat pendant l'administration de George W. Bush.

Arlen Specter, un élu démocrate de Pennsylvanie, a demandé à Mme Sotomayor si la Cour suprême avait bien fait de refuser de se pencher sur la légalité de cette pratique, menée en dehors de tout cadre judiciaire.

Là encore, la magistrate a botté en touche, refusant de répondre. «Je sais bien que cela (son mutisme sur la question) doit être frustrant pour vous», a dit Mme Sotomayor.

Réponse de M. Specter: «Oui, c'est certain».