Le président américain Barack Obama a durci le ton mardi contre le régime de Téhéran en condamnant la répression des manifestations post-électorales et en rejetant les accusations iraniennes d'ingérence, lors d'une conférence de presse à Washington.

M. Obama a également estimé que la légitimité de la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, que le pouvoir iranien a exclu mardi d'annuler, posait de «sérieuses questions».

«Je condamne fermement les actions violentes et je m'associe aux Américains dans le deuil pour pleurer chaque vie innocente perdue», a-t-il déclaré.

Il a par ailleurs regretté que le pouvoir iranien accuse «les États-Unis et d'autres (pays occidentaux) d'être à l'origine des manifestations qui ont succédé à l'élection présidentielle» contestée du 12 juin.

«J'ai dit clairement que les États-Unis respectaient la souveraineté de la République islamique d'Iran et qu'il n'y avait pas d'ingérence dans les affaires iraniennes», a-t-il souligné.

Désormais, les États-Unis «attendent de voir comment les choses vont évoluer» en Iran afin de savoir comment cette crise va influencer l'attitude du régime sur la scène internationale, a insisté M. Obama.

Le président américain affichait jusqu'ici une approche plus prudente de la crise iranienne, tiraillé entre sympathie pour les manifestants et désir de ne pas s'ingérer dans les affaires de Téhéran, que Washington soupçonne de développer l'arme nucléaire mais avec lequel il espère pouvoir entamer un dialogue.

M. Obama a enfin appelé Téhéran à «gouverner par le consensus et non par la force», en citant les violences dans les manifestations en Iran, qui ont fait au moins 17 morts, une centaine de blessés et des centaines d'arrestations.

Il a rendu un hommage appuyé au «courage» des manifestants iraniens, et évoqué «l'image frappante d'une femme saignant à mort dans les rues», en référence à Neda Agha-Soltan, tuée en marge des protestations à Téhéran et dont les images de la mort ont déclenché une vague d'émotion sur Internet.

Il a ajouté que certains de ses commentaires avaient été «mal traduits en Iran, suggérant que j'avais dit aux émeutiers de sortir et de manifester encore».

Peu après la fin de la conférence de presse, la Maison-Blanche a posté sur son site Internet une vidéo fournissant une traduction simultanée en farsi des déclarations du président.

La condamnation des violences par M. Obama s'ajoutait mardi à celles du Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Javier Solana, de l'Italie et Israël, qui ont durement critiqué le régime iranien.

Après cinq mois d'un mandat qui a débuté au coeur d'une crise financière sans précédent depuis des décennies, le président démocrate a également évoqué mardi ses ambitieux projets de réforme de l'énergie et du système de santé visant à offrir une couverture maladie aux 46 millions d'Américains qui en sont privés.

Il a notamment appelé le Congrès à adopter la loi sur l'énergie et le climat destinée à lutter contre le réchauffement climatique.

«Nous savons tous que c'est important. Le pays qui prendra les devants dans la création d'une économie de l'énergie propre dirigera l'économie du XXIe siècle», a-t-il déclaré.

Il s'agit de la quatrième conférence de presse formelle de M. Obama depuis sa prise de fonctions en janvier et de sa première depuis la fin avril.

Selon certains experts, cette conférence pourrait annoncer la fin de l'effet «lune de miel» dont il bénéficiait depuis son investiture.