La chancelière allemande Angela Merkel doit rencontrer vendredi le président américain Barack Obama à la Maison Blanche, alors que la première économie de la planète et son premier exportateur divergent sur les stratégies de sortie de crise.

Il s'agira de la première rencontre entre les deux dirigeants à la Maison Blanche, et de leur troisième depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama en janvier.

Elle aura lieu moins de deux semaines avant une réunion du G8 en Italie, où les dirigeants des pays les plus industrialisés doivent présenter leurs propositions sur la régulation des marchés financiers et la lutte contre le réchauffement climatique, sujets de dissensions entre Berlin et Washington.

«Je vais travailler pour m'assurer que nous ressortions plus forts de cette crise que nous n'y sommes entrés, et cela ne peut réussir que si nous travaillons ensemble», a déclaré ce weekend la chancelière conservatrice, qui sera à Washington à partir de jeudi.

Angela Merkel, qui briguera un second mandat en septembre, ne s'est pas privée de critiquer les mesures prises par Barack Obama face à la crise économique, s'inquiétant notamment des risques d'inflation.

L'Allemagne, où 300.000 emplois ont été perdus depuis septembre, est touchée de plein fouet par la crise. Le dollar faible, couplé à des taux d'intérêt très bas, portent un coup supplémentaire à ses exportations, fondement de son économie.

Selon son entourage, la chancelière attend d'Obama une «stratégie de sortie» de crise claire après les dépenses massives qu'il a engagées.

Les foudres de la chancelière se sont notamment abattues sur la Réserve fédérale américaine: Angela Merkel l'avait appelé en juin à renouer avec «une politique de bon sens» et avait critiqué le rachat massif de dette publique et privée par la Fed.

 «La crise a simplement souligné les différences d'approche économique entre les deux pays», relève Christian Tuschhoff, spécialiste des relations transatlantiques à la Freie Universität de Berlin.

 «L'économie sociale de marché (allemande) et le marché libre aux Etats-Unis sont fondamentalement différents et il y aurait eu des tensions quels que soient les deux dirigeants», analyse-t-il.

Sur le front du réchauffement climatique, Angela Merkel s'est félicitée des appels de Barack Obama à faire plus que son prédécesseur George W. Bush, mais semble douter du soutien politique américain réel aux efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Elle a convenu lundi avec le premier ministre japonais Taro Aso de faire pression ensemble sur les principaux pollueurs, dont les Etats-Unis, pour qu'ils prennent part au prochain accord sur le climat.

Le président Obama s'était déclaré «optimiste pour le rôle de leader» que les Etats-Unis pourraient jouer dans la lutte contre le réchauffement, lors de sa visite à Dresde en juin. Mais sans indiquer d'objectif chiffré.

De son côté, la chancelière allemande n'a pas formulé d'engagement précis suite à sa promesse d'aider le président Obama à fermer la prison de Guantanamo, renouvelée à Dresde.

Selon des médias allemands, Mme Merkel, qui entretenait de bonnes relations avec Bush, aurait décliné une invitation précédente à la Maison Blanche, car une conférence de presse commune avec Barack Obama n'était pas prévue.

Elle avait toutefois déclaré à Dresde que travailler avec Barack Obama était «sympa».

Les deux dirigeants devraient également aborder les négociations sur le désarmement avec la Russie, le Moyen-orient, le programme nucléaire nord-coréen, et les suites de l'élection présidentielle en Iran.