Mahmoud Ahmadinejad ou Mir Hossein Moussavi à la présidence de l'Iran, cela ne fait pas une grande différence pour les États-Unis qui comptent bien tenter de renouer le dialogue avec Téhéran mais auront de toute façon affaire à un régime hostile, selon le président Obama.

Le président américain s'est prêté publiquement à cet aveu pour expliquer sa retenue dans ses critiques de la présidentielle et dans son soutien aux centaines de milliers de supporteurs de Mir Hossein Moussavi qui ont manifesté contre la réélection proclamée du président sortant Mahmoud Ahmadinejad.

Barack Obama a exprimé mardi la sympathie qu'il pouvait à la contestation, disant ses «profondes inquiétudes» et pesant soigneusement ses mots pour critiquer la répression. Il a expliqué ce délicat exercice par la crainte de voir les ultra-conservateurs s'emparer de ses propos et se livrer à la pratique éprouvée consistant à brandir le spectre de l'ingérence américaine pour rallier le soutien populaire au régime.

«Alors, ce que j'ai dit c'est: écoutez, c'est aux Iraniens qu'il appartient de décider. Nous n'allons pas nous en mêler», a-t-il dit à la chaîne CNBC. «Mon approche c'est: attendons de voir».

Mais il a aussi avancé, pour la première fois de manière aussi explicite, un autre argument. «Je pense qu'il est important de comprendre que la différence en terme de politique réelle entre MM. Ahmadinejad et Moussavi n'est peut-être pas aussi grande qu'on ne l'a dit».

Quel que soit le dénouement de la crise, «nous allons avoir à traiter en Iran avec un régime qui, historiquement, est hostile aux Etats-Unis», a estimé le président américain.

Les Etats-Unis doivent empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique et faire cesser le soutien qu'il apporte aux organisations radicales, et «cela serait vrai avec quiconque sortirait vainqueur de cette élection», a-t-il dit.

Or, indépendamment de l'élection et la contestation qui a suivi, il a toujours l'intention de tenter de renouer un dialogue direct et de mener une «diplomatie ferme» avec les dirigeants iraniens, comme il a promis de le faire, en rupture avec la politique de son prédécesseur George W. Bush.

La victoire annoncée de M. Ahmadinejad et la protestation qui a suivi ont placé son administration dans une position délicate.

En élevant la voix, M. Obama prendrait le risque d'hypothéquer l'entreprise visant à surmonter 30 années d'animosité entre les deux pays.

A contrario, ne pas s'exprimer plus vigoureusement l'expose aux critiques de ses adversaires ou des défenseurs des libertés.

«J'ai déjà dit que j'avais de profondes inquiétudes quant à cette élection. Et je crois que le monde entier a de profondes inquiétudes quant à cette élection», a dit M. Obama lors d'une apparition devant la presse au côté de son homologue sud-coréen Lee Myung-Bak à la Maison Blanche.

«Mais je soutiens fermement ce principe universel qui veut qu'on écoute la voix du peuple et non pas qu'on la réprime», a-t-il ajouté, sans convaincre son ancien adversaire à la présidentielle. «Il doit prendre la parole et dire que cette élection est une falsification, une supercherie, une mascarade d'élection», a dit le républicain John McCain à la chaîne NBC.

L'administration américaine a beau dire ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures iraniennes, elle a demandé au site de socialisation Twitter de reporter une opération de maintenance afin de permettre aux opposants iraniens de continuer à l'utiliser, a révélé un responsable du département d'Etat.