Le président Barack Obama a déclaré vendredi que le changement qu'il appelle de ses voeux était possible dans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran avec la présidentielle iranienne, quel qu'en soit le vainqueur.

M. Obama s'est gardé d'apporter son soutien ou d'exprimer son rejet d'aucun des quatre candidats, même si le président sortant Mahmoud Ahmadinejad personnifie les tensions entre deux pays dont les relations ont été caractérisées par l'animosité pendant environ 30 ans.

Mais il a paru espérer une répudiation des idées radicales en citant en exemple les législatives libanaises de dimanche dernier.

Selon les premiers résultats partiels annoncés par la commission électorale, M. Ahmadinejad était toutefois en tête avec 69% des voix sur 19% des bulletins dépouillés.

M. Obama a fait référence au grand discours de réconciliation qu'il a prononcé la semaine précédente au Caire à l'adresse des musulmans: «Nous avons essayé d'envoyer un message clair disant que, selon nous, un changement est possible».

«Quel que soit celui qui est appelé à remporter l'élection au bout du compte, nous espérons que le débat vigoureux qui a eu lieu (en Iran) servira notre capacité à nouer le dialogue avec eux d'une nouvelle manière», a-t-il dit.

Mais il s'est dit «emballé» par l'enthousiasme observé dans les derniers jours de la campagne iranienne. C'est le signe que les Iraniens, comme les Libanais, envisagent de «nouvelles possibilités», a-t-il dit.

«C'est le signe très positif que les Iraniens veulent que leur voix soit entendue et leurs bulletins de vote comptés», a dit sa secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, des propos pouvant être interprétés comme traduisant la crainte d'un truquage.

M. Obama a décidé de rompre avec la diplomatie de son prédécesseur George W. Bush et d'accepter que son administration engage un dialogue ferme mais direct avec le régime islamique.

Il a cependant admis lui-même en mai qu'il ne risquait pas de se passer grand-chose avant la présidentielle iranienne.

Ses collaborateurs ont quand même trouvé matière à encouragement dans les législatives libanaises.

Quelques jours après que M. Obama eut tendu la main aux musulmans et aux Iraniens au Caire, les Libanais ont donné la victoire à la majorité parlementaire soutenue par les Etats-Unis et l'Occident, contre le Hezbollah radical que soutient l'Iran et qui semblait susceptible de l'emporter.

Au Caire, M. Obama a reconnu qu'il serait «difficile de surmonter des décennies de méfiance» entre les Etats-Unis et l'Iran, mais a dit vouloir s'y atteler «avec courage, droiture et détermination».

Même si M. Ahmadinejad, qui incarne quatre années d'intransigeance sur la question nucléaire, était battu, rien n'assure que M. Obama aura en son principal rival Mir Hossein Moussavi par exemple, réputé plus pragmatique, un interlocuteur disposé à renoncer à l'enrichissement d'uranium, disent les experts.

D'autant, relèvent-ils, que le décideur ultime reste le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, et que les Iraniens semblent dans leur majorité trouver un motif de fierté dans leur programme nucléaire.

Cependant, ajoutent les experts, le départ de M. Ahmadinejad faciliterait au moins un retour à la diplomatie. Reste à savoir jusqu'où chacune des deux parties, iranienne et américaine, est prête à aller.

L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, a reconnu le droit de l'Iran au nucléaire civil, mais la République islamique ne doit pas se doter de la bombe atomique, «et cela ne changera pas selon l'issue de l'élection».