Le plus récent passage de Sarah Palin à New York et à Washington a démontré au moins une chose : malgré les moqueries dont elle fait encore l'objet, la gouverneure d'Alaska demeure une star médiatique et une des personnalités préférées de la base républicaine.

Le hic, c'est qu'elle se fait aussi des ennemis au sein de l'establishment de son parti, comme l'indiquait lundi cette manchette du quotidien The Hill, dont le sujet de prédilection est le Congrès des États-Unis : «Palin commence à irriter certains sénateurs républicains.»

Selon The Hill, ces parlementaires trouvent que l'ex-candidate à la vice-présidence «prend trop au sérieux ses propres ambitions présidentielles». Il faut évidemment préciser que quelques-uns des nouveaux ennemis de Sarah Palin lorgnent eux-mêmes la Maison-Blanche en 2012 ou ont des amis qui rêvent de briguer la présidence.

«Je mets ces commentaires anonymes sur le compte de la jalousie», a dit à La Presse Bill Lacy, directeur de la campagne présidentielle de l'ex-sénateur républicain Fred Thompson. «Il y a au Sénat des gens qui travaillent depuis 25 ans pour arriver là où, presque du jour au lendemain, Sarah Palin se retrouve. Cela crée de l'envie.»

Certains bonzes républicains en veulent à Sarah Palin pour une autre raison. En mars dernier, ils l'ont invitée à prononcer le discours principal d'une importante soirée de collecte de fonds qui a eu lieu lundi à Washington. La gouverneure d'Alaska a d'abord refusé avant de se raviser. Mais il était trop tard : l'ancien président de la Chambre des représentants, Newt Gingrich, avait accepté de remplacer la star montante du Parti républicain.

Puis une autre controverse a éclaté à quelques jours de cette soirée. La gouverneure d'Alaska allait-elle au moins daigner y assister? Après avoir semé le doute et la confusion à ce sujet, elle a décidé d'y aller, finissant par monopoliser l'attention des invités et des médias. Fait à souligner : au même moment où Newt Gingrich s'adressait à l'auditoire d'environ 2000 personnes, la chaîne Fox News diffusait une entrevue enregistrée avec Sarah Palin qui a été vue par les millions de téléspectateurs réguliers de l'émission de l'animateur Sean Hannity.

«Nous vous l'avions dit», a déclaré la gouverneure lors de cette entrevue, rappelant qu'elle et John McCain avaient prévenu les Américains que Barack Obama engagerait les États-Unis «sur la voie du socialisme».

Si Sarah Palin a perdu des amis au sein de l'establishment républicain, elle demeure, en revanche, très populaire auprès d'un certain public, comme elle l'a démontré samedi à Auburn, une petite ville de l'État de New York. Ce jour-là, pas moins de 20 000 personnes se sont déplacées pour la voir participer à un défilé en l'honneur de William Seward, le secrétaire d'État responsable de l'acquisition de l'Alaska au XIXe siècle.

Bien sûr, la gouverneure républicaine n'a pas encore annoncé son intention de briguer la présidence en 2012.

«Je ne crois pas que sa candidature soit un fait acquis», a dit Bill Lacy, qui dirige aujourd'hui un laboratoire d'idées à l'Université du Kansas. «Il est clair, cependant, qu'elle ne ferme aucune porte. Cela dit, elle ne doit pas donner l'impression d'être déjà en campagne, comme le fait Mitt Romney.»