Le directeur de la CIA, Leon Panetta, a écrit à un juge fédéral de New York pour plaider contre la publication de documents attestant de méthodes d'interrogatoires controversées utilisées par la centrale de renseignement contre des suspects de terrorisme.

Dans une déclaration dont l'AFP s'est procuré copie mardi, M. Panetta explique que «la divulgation de renseignements à propos d'Al-Qaïda pourrait être très dommageable à la sécurité nationale en fournissant à nos ennemis des informations sur ce que nous savions d'eux, quand, et parfois comment, nous avons obtenu certains renseignements».

Cette tentative d'éviter la publication de documents accablants intervient quelques semaines après que l'administration Obama eut bloqué la publication de centaines de photos de sévices subis par des prisonniers dans des prisons américaines en Irak et en Afghanistan pour éviter de mettre en danger les militaires américains sur le terrain.

Début mars, la CIA avait reconnu dans le cadre d'une procédure judiciaire menée par une puissante association américaine de défense des droits civiques, l'ACLU, avoir détruit 92 vidéos d'interrogatoires anti-terroristes.

Mais l'agence s'était engagée auprès du juge Alvin Hellerstein en charge du dossier à New York à rendre publics les documents relatifs à ces vidéos. Ce sont ces documents que le directeur de la centrale américaine de renseignement se refuse aujourd'hui à divulguer.

Dans son argumentaire, il explique que ceux-ci concernent «essentiellement» les interrogatoires de Ali Zubaydah, qui a subi à plusieurs reprises la simulation de noyade, une technique de torture un temps autorisée par l'administration américaine.

Les documents contiennent selon lui «des renseignements détaillés», dont «des sujets prioritaires pour la CIA», «ce qu'elle ne savait pas» à l'époque où les interrogatoires ont eu lieu, les «méthodes utilisées», des «informations permettant d'identifier des agents» ou encore «le nom des pays étrangers qui ont aidé la CIA à collecter des informations sur des organisations terroristes».

Pour M. Panetta, publier ces documents reviendrait «à fournir aux futurs terroristes un guide sur la meilleure manière d'esquiver les questions». Il rappelle que lorsque les photos de sévices sur des prisonniers dans la prison d'Abu Ghraïb avaient été publiées, «Al-Qaïda s'en était servi sur des sites internet extrémistes pour recruter des Jihadistes et lever des fonds».

De son côté, l'ACLU a vivement critiqué ces arguments dans un communiqué, estimant que «ces informations sont particulièrement importantes parce que d'autres documents suggèrent que les interrogateurs ne s'en tenaient même pas aux limites prévues par l'administration».