Les Etats-Unis ont entamé mardi des négociations avec Palau, un petit Etat du Pacifique, pour qu'il accueille des détenus de Guantanamo blanchis de tout soupçon de terrorisme, et s'apprêtent à organiser le départ de deux autres détenus.

Depuis l'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche et l'annonce de la fermeture de Guantanamo d'ici le 22 janvier 2010, seuls deux détenus de Guantanamo ont été transférés, un Ethiopien résident britannique au Royaume Uni et un Algérien en France.

Un haut responsable américain a reconnu mardi sous couvert de l'anonymat que Washington négociait avec Palau l'accueil de tout ou partie des 17 Chinois ouïghours détenus depuis 2002 sur la base américaine à Cuba.

Ces musulmans, blanchis depuis des années de toute accusation de terrorisme, redoutent des persécutions s'ils étaient renvoyés en Chine.

Contacté par Washington, le Canada a refusé de recevoir certains de ces hommes. L'Allemagne et l'Australie réfléchissent encore. Quant aux Etats-Unis, la possibilité qu'ils accueillent quelques-uns des Ouïghours a été évoquée mais les oppositions locales sont fortes.

Situé à 800 km à l'est des Philippines, Palau est l'un des plus petits Etats du monde et ne compte que 20 000 habitants. L'île, sous tutelle de l'ONU, a été administrée jusqu'en 1994 par les Etats-Unis.

Parallèlement, un autre responsable américain avait assuré mardi matin à l'AFP que trois détenus allaient être «très prochainement» libérés.

Parmi eux, a-t-il précisé, Mohammed al-Gharani, de nationalités tchadienne et saoudienne, arrêté à l'âge de 14 ans par les Américains et innocenté le 15 janvier après avoir passé sept ans à Guantanamo.

Un autre détenu, un Algérien qui résidait en Bosnie lors de son arrestation fin 2001, Saber Lahmar, devait, selon des sources concordantes, prendre l'avion pour la Bosnie. Mais selon une source proche du dossier, alors qu'«il était sur le point de partir, il a demandé à ne pas aller en Bosnie dans l'immédiat».

Interrogé sur la situation d'un détenu refusant de quitter Guantanamo, un responsable de la Défense a assuré à l'AFP: «s'il ne veut pas partir, il n'est pas obligé de partir».

M. Lahmar, 39 ans, innocenté par un juge fédéral en novembre 2008 après sept ans et demi à Guantanamo, craint que la Bosnie ne l'accueille pas bien, selon son avocat Robert Kirsch.

Soupçonné par les Etats-Unis d'avoir fomenté un attentat contre l'ambassade américaine de Sarajevo avec cinq autres Algériens dont Lakhdar Boumediene, récemment arrivé en France, M. Lahmar résidait légalement en Bosnie, marié à une Bosniaque.

Après avoir été blanchi, il avait déposé une demande pour être accueilli en Bosnie. Mais «on lui a dit que la situation là-bas n'était pas bonne», a expliqué son avocat.

Il craint, selon M. Kirsch, que le gouvernement bosniaque ne le soutienne pas, comme il n'a pas soutenu trois autres Algériens qui faisaient partie du même groupe mais possèdent la nationalité bosniaque et ont été renvoyés à Sarajevo dès décembre.

M. Lahmar a officiellement demandé à être accueilli par la France.

Selon son avocat, il a passé de longs mois à l'isolement total et est très déprimé, notamment parce qu'il est le dernier des cinq Algériens innocentés par un juge fédéral à demeurer à Guantanamo.

L'identité, la nationalité et la destination du troisième détenu sur le point d'être libéré n'ont pas été précisées.

Parmi les actuels 240 détenus de Guantanamo, 50 environ ont été déclarés libérables et les Etats-Unis cherchent des pays pour les accueillir. 65 devraient être inculpés. Le sort réservé aux autres demeure inconnu.