L'une des rares cliniques américaines qui pratiquait des avortements tardifs va fermer après l'assassinat de son propriétaire par un militant anti-avortement, a annoncé mardi la famille du docteur.
George Tiller, 67 ans, a été tué par balles le 31 mai dans une église luthérienne alors qu'il assistait au service dominical à Wichita, au Kansas. Il était l'un des rares médecins aux États-Unis à pratiquer des avortements tardifs, c'est-à-dire lorsque le foetus serait viable.
Seules deux autres cliniques pratiqueraient ce type d'avortements aux États-Unis, autorisés dans de nombreux États seulement si un médecin estime que mener la grossesse à terme présente un risque pour la santé de la mère.
La famille du Dr Tiller avait d'abord annoncé que la clinique allait rouvrir après une brève période de deuil, mais a annoncé mardi sa «fermeture définitive», dans un communiqué transmis par ses avocats.
Le médecin était surnommé «Tiller the Killer» (Tiller le tueur) par les opposants à l'avortement.
Son meurtrier présumé, Scott Roeder, un homme de 51 ans aux antécédents psychiatriques, était connu pour avoir des liens avec des groupes de militants anti-avortement. Il a été inculpé de meurtre.
L'assassinat a tendu encore un peu plus les relations entre partisans et adversaires du droit à l'interruption de grossesse aux États-Unis.
Lors des funérailles du médecin samedi en présence d'un millier de personnes, la police a dû tenir à distance des manifestants des deux bords. Certains militants anti-avortement portaient des pancartes où était inscrit «Dieu a envoyé le tireur» et «Dieu hait l'avortement».
Des contre-manifestants occupaient le trottoir le long de l'église, portant des oeillets blancs et des badges à la mémoire du Dr Tiller.
Pour l'une d'entre eux, Marla Patrick, ce meurtre «a convaincu des gens, qui se montraient peut-être plus discrets et moins militants, à sortir de leur réserve et à dire 'ça suffit'.»