Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a mis l'accent sur l'importance d'un tandem sino-américain fort pour le reste de la planète, lundi, en entamant sa première visite à Pékin.

Timothy Geithner n'en a pas moins abordé, en douceur, les sujets qui fâchent comme l'éternelle question du taux de change de la monnaie chinoise, que les Occidentaux, Américains en tête, jugent sous-évaluée, pour le bénéfice des exportations chinoises.

Vu leur importance, les actions de «la Chine et des Etats-Unis, individuellement et ensemble, (...) ont un impact direct sur la stabilité et la force du système économique international», a déclaré le secrétaire au Trésor, dans un discours dont l'AFP a eu copie, prononcé à l'Université de Pékin, où il a étudié le mandarin.

«Les problèmes internationaux ne pourront pas être résolus, sans la coopération entre les Etats-Unis et la Chine», respectivement première et troisième économies de la planète. «Ceci est valable dans absolument tous les domaines, de la reprise économique à la restructuration financière, en passant par le changement climatique et la politique énergétique», a-t-il expliqué dans ce discours.

Les deux pays ont des défis à relever, a-t-il souligné.

Côté américain, les autorités doivent notamment «créer un système financier plus stable, plus fort, protégeant mieux consommateurs et investisseurs» et faire en sorte que «les volumes d'épargne croissent», tout en réduisant le déficit budgétaire.

La Chine doit, elle, accroître la consommation intérieure, dépendre moins de ses exportations - «du consommateur américain» - et permettre au yuan de grimper grâce à un meilleur régime de taux de change, a-t-il dit.

«Une plus grande flexibilité du taux de change aidera à rééquilibrer le modèle de croissance (...), soutiendra la demande intérieure et permettra à la politique monétaire d'être davantage capable de réussir une croissance soutenue avec une inflation basse à l'avenir», a-t-il déclaré.

Timothy Geithner avait provoqué une vive tension avec la Chine en janvier en déclarant, avant même d'être confirmé dans ses fonctions, que le président Barack Obama était d'avis que la Chine «manipulait» le cours de sa devise.

En avril, son département a fait volte-face, affirmant qu'aucun des grands partenaires commerciaux des Etats-Unis n'avait «manipulé ses taux de change dans le but d'éviter d'avoir à ajuster sa balance des paiements, ou pour obtenir indûment des avantages comparatifs».

Malgré tout, il indiquait aussi toujours considérer «que le yuan est sous-évalué».

Depuis sa révaluation exceptionnelle de juillet 2005, le yuan s'est apprécié de quelque 19%.

M. Geithner devrait aborder cette question du taux de change, qui figure au menu de toutes les grandes réunions sino-américaines, avec ses interlocuteurs chinois: le vice-Premier ministre chargé des questions économiques Wang Qishan lundi après-midi, puis le président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao mardi.

Dans le même temps, il doit s'efforcer de rassurer Pékin, plus gros détenteur de bons du Trésor américains au monde, sur la sécurité de ses placements, face aux besoins d'endettement énormes de l'Etat fédéral pour financer la relance de l'économie américaine.

La Chine est à la tête des premières réserves de change au monde (1954 milliards de dollars fin mars), dont près de 768 milliards de dollars étaient investis fin mars en emprunts d'Etat américains.