Russes et Américains se sont retrouvés lundi à Genève pour la deuxième fois en deux semaines pour discuter de la reconduction des accords START 1 de réduction de leurs arsenaux nucléaires qui expirent à la fin de l'année.

«Les Américains sont arrivés comme prévu à 5H00 (HNE) à la mission russe pour commencer le deuxième round de discussions», a précisé cette source ajoutant que les pourparlers se prolongeraient «jusqu'à 11H00 (HNE) environ».

Mardi, les deux délégations doivent cette fois se retrouver à la mission américaine, a-t-elle précisé.

En revanche, les pourparlers annoncés pour trois jours pourraient ne pas se poursuivre mercredi si les délégations parviennent à faire le tour de leur agenda en 48 heures, a également prévenu la même source.

Cette rencontre genevoise est destinée à poursuivre les négociations sur le Traité de réduction des armes stratégiques (START 1) de 1991, qui a conduit à amputer d'un tiers les arsenaux nucléaires russe et américain.

Le premier tour de discussions organisé à Moscou les 19 et 20 mai, avait été jugé «constructif» et même «réussi» par la partie russe. Mais aucune information concrète n'a jusqu'à présent filtré sur son contenu exact.

Cette fois encore, les deux parties souhaitent le huis-clos le plus total, le lieu de rencontre ayant été gardé secret jusqu'à la dernière minute.

 «Sur le détail des négociations, nous préférons que cela reste privé. Je pense que c'est la meilleure façon de conduire ces négociations», avait prévenu en fin de semaine le porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly.

Les premiers résultats devraient en revanche être dévoilés à l'issue du tête-à-tête prévu entre les chefs d'Etat russe et américain, Dmitri Medvedev et Barack Obama, attendu à Moscou entre le 6 et le 8 juillet, selon un diplomate russe.

Certains experts doutaient toutefois de résultats tangibles rapides en raison des ambitions très éloignées des deux parties.

Au point mort durant l'ère Bush marquée par un rafraîchissement entre Moscou et Washington, ces accords ont été choisis par la nouvelle administration américaine pour symboliser la relance des relations entre les deux géants.

Lors de leur première rencontre à Genève en mars, les deux chefs de la diplomatie, Hillary Clinton et Sergueï Lavrov, ont même, dans un élan d'enthousiasme, promis d'aboutir à un nouveau traité d'ici la fin de l'année.

Mais, alors que l'accord porte sur la réduction des têtes nucléaires déployées, les Russes veulent profiter de l'occasion pour faire céder Washington sur son projet de bouclier antimissile en Europe.

Officiellement destiné à contrer une éventuelle attaque iranienne, le bouclier qui doit être installé en Pologne et en République tchèque est perçu par Moscou comme une menace pour sa propre sécurité.

M. Lavrov a été clair sur la question, rappelant le 20 mai que le nouvel accord START devait induire «une sécurité égale pour les deux parties», qui ne peut être garantie «sans une prise en compte de la situation dans le domaine de la défense antimissile».

Mais les Américains ne le voient pas de cet oeil. «Nous avons l'intention de discuter de l'ensemble des questions autour de la défense antimissile mais pas dans le contexte des discussions sur START», a expliqué lundi une source diplomatique américaine.

Devant une telle impasse et afin d'éviter que START 1 ne soit pas remplacé en décembre, le plus sage serait, selon l'expert en désarmement Josef Goldblat, de prolonger de 5 ans cet accord, et de se réserver un autre moment pour négocier «sereinement un document plus large».