De toute évidence, il est plus facile de promettre de fermer le camp de détention de Guantánamo que de le faire. Barack Obama en a eu une autre preuve, hier, lorsque les démocrates du Sénat, emboîtant le pas de leurs collègues de la Chambre des représentants, ont refusé d'accorder au Pentagone les fonds nécessaires au transfert des détenus de la prison controversée vers les États-Unis.

La décision a été prise hier matin par les démocrates d'une commission du Sénat chargée de superviser les dépenses militaires et diplomatiques des États-Unis en Irak et en Afghanistan. Ces démocrates ont donc cédé aux pressions des républicains du Congrès, qui ont récemment fait campagne contre la fermeture du camp de détention de Guantánamo, la base navale américaine située à Cuba.

 

Le président avait demandé 80 millions pour la fermeture de la prison d'ici le 22 janvier 2010. Selon le sénateur démocrate de l'Illinois, Dick Durbin, il devra présenter un plan détaillé sur le sort des prisonniers avant le déblocage de ces fonds.

«L'administration n'a pas présenté un programme à ce stade-ci, a dit le sénateur Durbin, numéro deux de son parti au Sénat. Je pense que Guantánamo doit être fermé et nous devons attendre les directives du président sur ce qui arrivera aux détenus. On nous demandait auparavant de défendre l'inconnu.»

Les républicains jubilent

Et les républicains du Congrès n'ont pas manqué de faire de cette question leur cheval de bataille. Un élu du Kansas, où se trouve la prison militaire de Leavenworth, un des lieux possibles d'incarcération, a proposé, la semaine dernière, l'adoption d'un texte intitulé «Loi pour garder les terroristes hors d'Amérique».

De son côté, le chef de file de la minorité républicaine de la Chambre a incité les parlementaires à approuver ce projet de loi, «car nos électeurs ne veulent pas de ces terroristes dans leur voisinage», a-t-il dit.

Le texte a été défait, mais les républicains ont promis de revenir à la charge.

Malgré les résistances du Congrès, l'administration Obama a réitéré hier sa volonté de fermer la prison de Guantánamo d'ici 2010. «D'après ce que je sais, tout est en bonne voie pour fermer le centre de détention dans les délais impartis par le président par voie de décret», a déclaré le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, lors d'une conférence de presse. «Je ne vois rien indiquant que cette date risque de ne pas être respectée.»

Un groupe de travail piloté par le ministère de la Justice a été chargé de réexaminer les dossiers des quelque 240 suspects de terrorisme emprisonnés à la base navale. Il s'agit d'abord de déterminer lesquels seront rapatriés dans leur pays ou transférés dans un pays tiers.

Le groupe de travail doit ensuite décider si les détenus restants doivent être inculpés devant des tribunaux fédéraux, des cours martiales ou devant les tribunaux militaires d'exception, dont le rétablissement a été annoncé par le président Obama la semaine dernière.

Le groupe devra enfin déterminer où ces suspects de terrorisme seront détenus après la fermeture de Guantánamo.

Le président Obama doit prononcer un discours demain sur la fermeture du centre.