La présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, est au coeur d'une polémique au Congrès sur son degré de connaissance en 2002-2003 des techniques controversées d'interrogatoire utilisées sous l'administration Bush.

«Elle a été informée et si elle pensait que c'était mal, elle aurait dû agir», a dit mardi l'ancien candidat républicain à la présidentielle, le sénateur John McCain. «J'ai été informé et j'ai protesté de façon véhémente», a-t-il déclaré à des journalistes.

Le chef de la minorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, a assuré pour sa part que «si l'on doit avoir une enquête, tout ceux qui ont été impliqués, à la fois dans l'administration et au Congrès, feront certainement l'objet d'investigations».

Ces commentaires interviennent après la publication mardi par le journal Politico d'un article citant une source anonyme proche de Mme Pelosi, selon laquelle celle-ci aurait appris début 2003 que la simulation de noyade était utilisée mais n'aurait pas protesté directement auprès de la CIA car elle pensait que c'était «déplacé».

La presse américaine avait déjà révélé la semaine dernière qu'un conseiller de Mme Pelosi avait assisté à un briefing en février 2003, où il avait appris que la simulation de noyade, assimilée à de la torture, était utilisée. Les médias avaient également indiqué que la CIA avait conduit, devant des membres du Congrès, 40 briefings sur la question des techniques d'interrogatoires.

«Sur les 40 briefings de la CIA au Congrès récemment rapporté dans la presse, je n'ai assisté qu'à un seul, le 4 septembre 2002», a affirmé Mme Pelosi la semaine dernière.

Or, à ce briefing, selon elle, l'existence de notes internes contenant les techniques controversées d'interrogatoire a été mentionnée, mais les membres de la CIA qui ont conduit les briefings avaient alors indiqué que les méthodes en question n'étaient pas utilisées.

Déjà en décembre 2007, Mme Pelosi avait expliqué dans un communiqué qu'elle avait été informée en 2002 de techniques d'interrogatoire que l'administration envisageait d'utiliser dans le futur.

La polémique a été ravivée récemment par la publication en avril des notes internes de 2002 et 2005 qui fournissaient à la CIA l'argumentaire juridique pour infliger aux terroristes présumés des traitements censés les faire parler, dont la simulation de noyade.

Lundi, le représentant républicain Pete Hoekstra a écrit au directeur du renseignement américain, Dennis Blair, et à celui de la CIA, Leon Panetta, pour leur demander de rendre publics les documents indiquant quels membres du Congrès avaient été informés, quand et comment. «Cette initiative ne vise pas une personne, mais ce que les parlementaires dans cette institution, au sein des deux partis, savaient», a-t-il dit.

Côté démocrate, la sénatrice Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement, a volé mardi au secours de sa collègue: «je crois que c'est une tempête dans un verre d'eau de dire que Mme Pelosi aurait dû savoir tout cela, qu'elle aurait dû tout arrêter».

«Je ne veux excuser personne mais en 2002, ce n'était pas comme en 2006, 2007 ou 2008. C'était juste après le 11-Septembre et on parlait d'une seconde vague d'attaques (terroristes)», a-t-elle dit.

Mme Pelosi, qui rentrait à peine mardi d'un voyage en Irak, ne s'est pas exprimée devant la presse. Selon une source proche de la parlementaire, elle pourrait le faire mercredi.