La chaîne d'information MSNBC et l'animatrice Andrea Mitchell ont-elles conspiré pour cacher au public américain la prédilection de Barack Obama pour la moutarde de Dijon, ce condiment supposément élitiste?

La question semble pour le moins saugrenue à une époque où les États-Unis font face à plusieurs crises. Mais elle constitue le point de départ du «Dijongate», un pseudo-scandale qui a troublé plusieurs commentateurs conservateurs cette semaine.

 

Rappelons les faits. Mardi midi, le président américain et son bras droit, Joseph Biden, décident d'aller manger des hamburgers chez Ray's Hell Burger, un restaurant d'Arlington, en Virginie. Une reporter et un caméraman de la chaîne NBC font partie du petit contingent de journalistes qui accompagnent le tandem de la Maison-Blanche afin d'immortaliser le moment où l'homme le plus puissant du monde passera sa commande au comptoir comme M. Tout-le-Monde.

«Je voudrais un hamburger avec du fromage cheddar et de la moutarde, pas de ketchup. Avez-vous de la moutarde épicée, de la moutarde de Dijon ou quelque chose du genre?» a demandé Barack Obama.

Peu après, MSNBC, la chaîne soeur de NBC, a diffusé des images de cette scène historique. Dans son énervement, l'animatrice Andrea Mitchell a couvert la voix du président en commentant à chaud ce qu'elle voyait. Il n'en fallait pas plus pour qu'un blogueur l'accuse de «camouflage» et donne à cette affaire le nom de «Dijongate», sous prétexte que les téléspectateurs n'ont pas entendu le chef de la Maison-Blanche demander de la moutarde de Dijon.

«Obama a commandé un hamburger avec de la MOUTARDE DE DIJON! Je parie qu'il a dû demander conseil à John Kerry à ce sujet», a écrit William Jacobson, professeur de droit à l'Université de Cornell, sur son blogue.

L'idée selon laquelle la moutarde de Dijon est un condiment élitiste s'est répandue comme une traînée de poudre chez les commentateurs de droite. Sean Hannity, animateur de Fox News, a ironisé en affirmant que le président avait commandé un «condiment très spécial» pour son «hamburger de fantaisie».

«Quelle sorte d'homme commande un hamburger sans ketchup mais avec de la moutarde de Dijon?» s'est pour sa part scandalisée l'animatrice de radio Laura Ingraham.

«Il est incroyable, Obama», a déclaré de son côté Mark Steyn dans le cadre de l'émission radiophonique de Rush Limbaugh. «Il mange un hamburger avec de la moutarde de Dijon. De la moutarde de Dijon!»

Le Dijongate ne devrait pas étonner Barack Obama. Dans son livre L'audace d'espérer, il évoque la réaction paniquée d'un de ses conseillers politiques après qu'il eut demandé à une serveuse de restaurant si elle avait de la moutarde de Dijon pour accompagner son hamburger au fromage.

Pour rassurer son conseiller, le futur président lui dit: «Je ne crois pas qu'il y ait des photographes dans le coin.»