Le président américain Barack Obama entreprendra en juin un voyage lourd d'émotion qui le conduira en Allemagne sur les pas de son grand-oncle dans le camp de concentration de Buchenwald et en France sur les plages du débarquement en Normandie.

M. Obama visitera le 5 juin le camp de Buchenwald, où des dizaines de milliers de personnes, --juifs, polonais, prisonniers politiques ou homosexuels-- sont mortes et dont son grand-oncle découvrit l'horreur avec l'armée américaine, a indiqué vendredi le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs. Il se rendra aussi à Dresde, presque entièrement détruite en 1945 par les bombardements alliés parmi les plus meurtriers et les plus controversés de la Seconde Guerre mondiale contre une ville allemande.

Le lendemain, M. Obama sera en Normandie pour le 65ème anniversaire du débarquement allié, a dit son porte-parole.

Selon les autorités locales, il se rendra dans le cimetière américain de Colleville-sur-Mer, où près de 10.000 soldats américains sont enterrés sous des croix blanches faisant face à la mer et rappelant la férocité des combats.

Avant de rallier l'Europe, M. Obama prononcera le 4 juin en Egypte le grand discours promis au cours de sa campagne pour tendre la main de la réconciliation aux musulmans après les crispations des années Bush.

A Buchenwald, M. Obama sera rappelé au spectacle découvert par son grand-oncle Charlie Payne, alors simple soldat dans la 89ème division d'infanterie, quand il prit part à la libération d'une partie de l'un des plus grands camps de concentration sur le sol allemand.

«Je me rappelle avoir vu beaucoup de gens décharnés, en haillons et près de mourir de faim. Les gens tendaient leurs écuelles pour qu'on leur donne à manger», se souvenait encore Charlie Payne jeudi dans le journal Chicago Tribune.

«J'ai vu des cabanes dans lesquelles on avait empilé les corps», disait le frère de la grand-mère par qui M. Obama a été élevé.

Charlie Payne avait participé à la libération d'Ohrdruf, un camp de travail forcé relevant de Buchenwald.

Et M. Obama, dont le grand-père a lui aussi combattu dans l'armée américaine, évoquait encore cette histoire le 23 avril à l'occasion des journées commémorant l'Holocauste.

M. Obama rappelait que son grand-oncle était revenu de la guerre en état de choc et avait refusé de descendre du grenier pendant six mois. Il rappelait aussi qu'à la libération de Buchenwald, le général Eisenhower avait ordonné aux Allemands de la ville voisine, mais aussi à ses soldats de faire le tour du camp, et qu'il avait fait venir des parlementaires et des journalistes.

«Eisenhower comprenait le danger que représentait le silence», a dit M. Obama.

En Normandie, les présidents français et américain se rendront sur les plages du débarquement et «dans ces cimetières où il y a tant de jeunes Américains qui ont payé de leur vie la liberté pour notre pays», a dit Nicolas Sarkozy vendredi à Sainte-Maxime, dans le sud-est de la France, où il assistait aux célébrations du 64e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie, le 8 mai 1945.

«Nous inviterons également des vétérans américains pour qu'ils voient que l'ensemble du peuple français ne les a pas oubliés», a dit M. Sarkozy.

Le cimetière de Colleville-sur-Mer, un des grands symboles de l'engagement américain sur le front européen pendant la Seconde Guerre mondiale, surplombe Omaha Beach, l'une des plages d'Overlord, une des plus grandes opérations amphibies de tous les temps. Selon la commission américaine des monuments de guerre, c'est le premier cimetière américain sur le sol européen.