L'aide américaine pour le Pakistan était lundi au coeur de toutes les attentions à Washington où l'inquiétude grandit sur la stabilité de cet allié doté de l'arme nucléaire.

Le sénateur démocrate John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat et son collègue républicain Richard Lugar, ont présenté lundi un plan d'aide non-militaire de 7,5 milliards de dollars sur cinq ans pour Islamabad.

Le plan vise notamment à «vaincre l'extrémisme islamiste qui menace la sécurité des deux pays». «Les dangers de l'inaction augmentent presque chaque jour», selon les deux sénateurs.

«Concernant la question de savoir si c'est trop tard ou non: nous avons perdu beaucoup de temps et je regrette que l'Afghanistan et le Pakistan soient sortis de nos priorités», a dit M. Kerry lundi devant la presse, faisant référence à la guerre en Irak.

Cette annonce intervient alors que le président américain Barack Obama va recevoir mercredi en mini-sommet de crise ses collègues afghan et pakistanais Hamid Karzaï et Asif Ali Zardari.

Partis de la frontière entre les deux pays, des combattants islamistes ont progressé récemment au-delà de de la vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, jusqu'à une centaine de kilomètres d'Islamabad.

Dans ce contexte, l'arsenal nucléaire aux mains d'Islamabad est un des sujets d'inquiétude à Washington.

«Veiller à ce que les armes nucléaires du Pakistan et le matériel nucléaire à travers le monde soient sécurisés fait partie des plus hautes priorités aux yeux du président. Je ne doute pas que cela sera évoqué» mercredi, a déclaré le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs.

Selon M. Gibbs, le président devrait redire à son hôte que le Pakistan ne doit pas se tromper de danger et que l'extrémisme représente une plus grande menace que le voisin indien. M. Obama a dit lui-même récemment que l'armée pakistanaise commençait à s'en rendre compte.

D'une manière plus générale, M. Obama recevra ses homologues pour «ouvrir les lignes de communication» qui, selon lui, doivent s'établir entre Washington, Kaboul et Islamabad, a dit M. Gibbs.

De son côté, l'amiral Michael Mullen, chef d'état-major interarmées américain, a assuré lundi que l'arsenal nucléaire au Pakistan était «en sécurité» et ne tombera pas entre les mains des extrémistes. Toutefois, «il y a une limite à ce que je sais», a-t-il admis.

L'amiral Mullen, qui revient d'un déplacement au Moyen-Orient et en Asie centrale, a souligné être très «inquiet des progrès accomplis dans le sud (afghan) et à l'intérieur du Pakistan» par les talibans et autres extrémistes soutenus par Al-Qaïda.

«Les conséquences de leurs succès menacent directement nos intérêts nationaux dans la région et notre propre sécurité», a-t-il prévenu.

En outre, à la Chambre des représentants, un projet de budget pour les guerres en Irak et en Afghanistan de 94,2 milliards de dollars a été présenté lundi par le démocrate David Obey, qui préside la Commission chargée d'allouer les dépenses publiques.

Toutefois, concernant la lutte contre les talibans et autres groupes terroristes en Afghanistan et au Pakistan, M. Obey s'est déclaré «extrêmement dubitatif quant aux chances de l'administration de parvenir à ses fins» car, selon lui, les gouvernements afghan et pakistanais ne sont pas assez «concentrés, organisés ni unifiés pour prendre en main le problème» de l'extrémisme.