La majorité démocrate du Sénat américain s'approche, avec le basculement d'un élu républicain, du chiffre «magique» des 60 sièges qui pourrait permettre aux réformes du président Barack Obama de franchir plus facilement l'obstacle de la chambre haute.

Le sénateur de Pennsylvanie, Arlen Specter, a annoncé mardi qu'il basculait dans le camp démocrate, amenant le parti du président tout près de la barre des 60 sièges sur 100, qui, au Sénat des Etats-Unis, permet de s'affranchir des velléités de blocage de l'opposition.

«J'ai décidé de me représenter pour les élections de 2010 aux primaires du parti démocrate», a annoncé le sénateur sur son site internet. «Désormais, je trouve ma philosophie politique plus en phase avec les démocrates qu'avec les républicains», a-t-il ajouté.

«C'est une décision pénible. Je sais que je déçois beaucoup de mes amis et collègues. Mais franchement, j'ai été déçu par certaines réactions», a ajouté M. Specter plus tard lors d'une conférence de presse.

La décision a en tout cas «ravi» Barack Obama, selon son porte-parole Robert Gibbs. Quelques minutes à peine après avoir appris la nouvelle, le président l'a appelé pour lui dire qu'il avait son «soutien inconditionnel» et qu'il était «ravi de l'avoir comme membre du parti démocrate».

Le parti démocrate, qui a renforcé sa majorité lors des élections du 4 novembre, comptait jusqu'à présent 58 sénateurs, dont deux indépendants qui votent généralement avec les démocrates.

Mais avec ce ralliement, les démocrates ne contrôlent encore que 59 sièges sur 100, car l'un des deux sièges de sénateur du Minnesota n'a toujours pas été attribué depuis novembre.

Le sénateur républicain sortant Norm Coleman et le démocrate Al Franken se disputent ce siège. Des juges ont tranché récemment en faveur du démocrate, mais le républicain a fait appel.

Arlen Specter, considéré comme un modéré, n'a pas attendu de se rallier aux démocrates pour voter avec eux.

En février, il avait été l'un des trois sénateurs républicains à voter pour le plan de relance de l'économie de 787 milliards de dollars, permettant son adoption, alors que le camp républicain dénonçait les dépenses record engagées par le camp démocrate.

«Je souhaite la bienvenue au sénateur Specter et à sa voix modérée au sein d'un groupe divers», a assuré mardi le chef de la majorité démocrate du Sénat Harry Reid.

Fin mars, l'Université de Quinnipiac avait réalisé un sondage montrant que M. Specter avait plus de chances de se faire réélire s'il se présentait comme démocrate. M. Specter, qui a obtenu 71% d'opinions favorables de la part d'électeurs démocrates, serait battu à la primaire républicaine par l'ancien représentant Pat Toomey s'il restait dans son camp d'origine, selon plusieurs sondages.

Le patron du parti républicain Michael Steele a dénoncé, quant à lui, la décision de M. Specter ajoutant que les républicains feraient tout leur possible pour le battre s'il obtenait l'investiture démocrate en 2010.

Mitch McConnell, le chef de la minorité républicaine qui va devoir conduire un groupe de 39 sénateurs seulement, a déclaré que la «menace pour le pays à la suite de cette défection est liée à la question de savoir si aux Etats-Unis nos électeurs veulent que la majorité obtienne tout ce qu'elle veut sans restrictions, sans contre-pouvoir».

Barack Obama aura besoin de tout l'appui du Congrès pour faire adopter son énorme programme de réformes qui va de la santé à l'éducation en passant par les dépenses militaires.