L'influent sénateur démocrate américain Patrick Leahy a à nouveau défendu dimanche sur la chaîne CBS la mise en place d'une «commission vérité» pour faire la lumière sur les dérives des années Bush et enquêter en particulier sur la pratique de la torture.

«Je sais que certaines personnes disent qu'il faut tourner la page. Franchement, j'aimerais lire la page avant de la tourner», a déclaré le sénateur Leahy qui préside la commission des Affaires judiciaires du Sénat. Dans le cadre de cette fonction, il avait enclenché une procédure d'enquête sur les dérives, notamment à l'intérieur des frontières américaines, de l'administration Bush dans le cadre de sa «guerre contre le terrorisme». Une audience avait été organisée le 4 mars mais n'avait eu aucune suite.

Il a suggéré dimanche la création d'une «commission indépendante ou pluraliste» à l'image de celle qui a mis au jour des manquements au sein du renseignement américain dans les attentats du 11-Septembre et établi des règles pour prévenir de nouvelles attaques terroristes.

«Nous savons que plusieurs personnes ont pris la décision de violer la loi, plusieurs personnes pour qui le gouvernement n'avait pas à se conformer à la Constitution» américaine, a-t-il argumenté.

D'autres ont «rédigé des notes internes affirmant en gros que le président et le vice-président étaient au-dessus des lois, que les lois américaines ne s'appliquaient pas à eux comme à vous et moi».

«Je veux savoir pourquoi ils ont fait ça? (...) quel type de pression les a amenés à écrire des choses aussi extravagantes?», a-t-il ajouté, en référence à plusieurs notes internes au gouvernement Bush révélées en mars et il y a une dizaine de jours.

Ces notes datées de 2002 et 2005 attestent notamment de l'existence d'un cadre juridique à la pratique de la torture dans des interrogatoires anti-terroristes.

Le président américain Barack Obama refuse que les agents de la CIA qui auraient pu pratiquer des tortures soient poursuivis mais il n'a pas exclu totalement d'ouvrir une enquête sur ceux qui ont rédigé les notes internes.

Mais la question d'une commission vérité est loin de faire l'unanimité au Congrès.

Pour l'ancien candidat à la présidentielle, le Républicain John McCain, interrogé sur CBS, elle serait porteuse de «divisions» dans un pays déjà très partagé sur la question. «Nous devons laisser cela derrière nous, nous devons aller de l'avant», a-t-il assuré.