La région de Denver (Colorado) commémorait lundi le dixième anniversaire du massacre du lycée Columbine, l'une des pires tueries de l'histoire américaine dans une enceinte scolaire.

Dès dimanche soir, des centaines de personnes se sont rassemblées pour une veillée aux chandelles dans un parc voisin de l'établissement de Littleton, banlieue sud de Denver où s'était déroulée une tragédie dont les images diffusées en direct par les télévisions avaient provoqué une onde de choc dans le monde entier le 20 avril 1999.

C'est dans ce jardin public qu'a été érigé un monument à la mémoire des 12 élèves et du professeur abattus par Eric Harris et Dylan Klebold, deux lycéens marginalisés. Vingt-trois autres personnes avaient été blessées.

Au même endroit lundi à partir de 17h00, une foule devait se rassembler «pour se souvenir... pour méditer».

Le proviseur du lycée Columbine, Frank DeAngelis, devait être présent lundi soir. Malgré la tuerie, il avait promis de rester à son poste jusqu'à ce que tous les enfants en maternelle le jour du massacre aient décroché l'équivalent du baccalauréat français.

Lors d'une cérémonie lundi près du Capitole de Denver, où les élus ont adopté une motion honorant les victimes, les familles de ces dernières et des rescapés se sont retrouvés en début d'après-midi. Treize personnes symbolisant les morts se sont allongées au sol.

«En vous remémorant ce jour, ne sombrez pas dans la douleur et le traumatisme», a déclaré Tom Mauser, dont le fils Daniel avait 15 ans lorsqu'il est tombé sous les balles à Columbine. «Mais n'ignorez pas non plus la douleur et le traumatisme qui sont toujours là pour certaines personnes», a-t-il ajouté.

Le lycée est resté fermé lundi comme tous les 20 avril depuis dix ans et les drapeaux des bâtiments publics du Colorado ont été mis en berne sur ordre du gouverneur Bill Ritter qui a qualifié la tuerie de «moment de basculement dans les histoires du Colorado et des Etats-Unis».

De son côté, la «papesse» du petit écran américain Oprah Winfrey a annoncé lundi avoir renoncé à diffuser une émission qu'elle avait enregistrée sur le thème de la tragédie de Columbine, et dans laquelle elle s'entretenait avec des rescapés de la fusillade et M. DeAngelis, la jugeant «trop centrée sur les tueurs».

Pour M. Ritter, le 20 avril 1999 «est un moment qui continuera à vivre dans nos mémoires, les gens jusqu'à ce jour se rappellent exactement où ils étaient lorsqu'ils ont entendu parler pour la première fois de la tragédie qui avait lieu».

«Nous ne pouvons pas permettre que les leçons (tirées) de cette tragédie disparaissent avec le temps. Nous pensons aux familles de ceux qui sont morts ce jour-là et prions toujours pour eux», a encore dit M. Ritter.

Mais le massacre, malgré son profond impact et l'activisme d'un Michael Moore qui en avait tiré le documentaire et manifeste anti-armes «Bowling for Columbine», récompensé par un Oscar en 2003, n'a pas été à l'origine d'un changement radical dans la législation sur les armes à feu.

Dix ans après, et malgré de nouvelles tueries dans des enceintes scolaires comme les 32 morts de l'université Virginia Tech en 2007, posséder une arme aux Etats-Unis reste un droit garanti par le deuxième amendement de la Constitution, défendu par de très nombreux élus et groupes d'intérêt, en premier lieu la National Rifle Association (NRA, lobby des armes).