Barack Obama va accorder pendant quelques jours toute son attention à ses voisins immédiats, Mexique, Amérique Latine et Caraïbes, après avoir consacré une grande part de sa jeune présidence aux Etats-Unis ou à des pays moins proches.

A peine revenu d'Europe, de Turquie et d'Irak, M. Obama prend jeudi le chemin du Mexique pour des entretiens avec l'un de ses grands interlocuteurs internationaux, le président Felipe Calderon. De vendredi à dimanche il participera au sommet des Amériques avec les chefs d'Etat et de gouvernement de plus de 30 pays dans l'archipel de Trinidad et Tobago. Trois mois après son investiture, M. Obama entreprend son premier voyage au-delà de la frontière sud avec l'intention de rassurer sur l'action de son gouvernement pour mettre fin à la crise économique et sur l'importance qu'il attribue aux voisins méridionaux.

Parce que leur prospérité dépend fortement de celle des Etats-Unis et qu'après des années favorables, ils voient se profiler le spectre de la croissance négative, les dirigeants des Amériques attendront de M. Obama qu'il explique ce qu'il fait pour relancer la première économie mondiale.

Jeffrey Davidow, le sherpa de M. Obama pour ce sommet, évoque par ailleurs le sentiment (de ces pays) d'avoir été «négligés» pendant des années: «Que l'on soit d'accord ou pas avec cette perception, elle est ressentie très fortement» et «le président s'est employé à la contrecarrer avant même de prendre ses fonctions».

Les huit ans de présidence Bush ont vu se former en Amérique latine un fort courant anti-américain personnifié par le président vénézuélien Hugo Chavez.

M. Obama a fait précéder sa visite de déplacements dans la région de son vice-président Joe Biden et de plusieurs ministres. Avant même son investiture, M. Calderon a été le premier chef d'Etat qu'il a rencontré.

Avocat du multilatéralisme, il «arrive au sommet avec (l'atout majeur) de sa popularité auprès de l'opinion publique», dit l'expert Peter Deshazo.

Le président arrive aussi avec une part du mérite dans la décision des grands dirigeants de ce monde d'octroyer au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale mille milliards de dollars supplémentaires, dont une bonne partie devrait bénéficier à l'Amérique Latine.

Si aucune initiative majeure ni aucun nouvel engagement financier significatif ne semble devoir être annoncé par M. Obama au sommet, il devrait signifier son refus que «les plus pauvres des pauvres» paient un prix disproportionné à la crise.

Il devrait aussi tenter de rallier les dirigeants des Amériques aux pressions exercées par son administration sur Cuba, le grand absent du sommet. Nombre de ces dirigeants critiquent son refus de lever l'embargo américain sur l'île. Lundi, M. Obama a assoupli les sanctions américaines, mais maintenu l'embargo.

M. Obama tâchera d'apporter des réponses aux inquiétudes de toute une région face au crime organisé et aux trafics.

Le voisin mexicain, durement affecté par la récession américaine et confronté à la flambée de violence des cartels de la drogue, est à la croisée des préoccupations économiques et sécuritaires.

M. Obama devrait parler avec M. Calderon des moyens de soutenir son combat contre ces cartels, d'empêcher la violence de déborder de l'autre côté de la frontière, de stopper le trafic de drogue, mais aussi, dans l'autre sens, le flux des armes d'assaut achetées sur le marché américain.