Le président Barack Obama a ordonné la levée des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des Américano-Cubains vers leur pays d'origine, marquant un premier assouplissement de la politique américaine envers l'île depuis son arrivée au pouvoir.

Les Cubains ont accueilli la décision avec joie, même si plusieurs attendent encore la fin de l'embargo économique imposé depuis 1962.

«Le président Obama a ordonné une série de mesures en direction du peuple cubain, afin de soutenir leur souhait de jouir de droits fondamentaux et de déterminer librement l'avenir de leur pays», a dit le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs.

«Le président a donné pour instruction au secrétaire d'État et aux secrétaires au Trésor et au Commerce de faire le nécessaire pour que soient levées toutes les restrictions à la possibilité de rendre visite à des membres de sa famille à Cuba et de leur envoyer de l'argent», a-t-il ajouté devant la presse, en rappelant que M. Obama tenait là une promesse de campagne.

Les Américains d'origine cubaine pourront ainsi voyager à Cuba et envoyer de l'argent à leurs proches restés dans l'île, sans limitation.

Ces nouvelles règles, qui ne nécessitent pas l'accord du Congrès, concerneraient près de 1,5 million d'Américains dont un membre de la famille vit à Cuba.

Il s'agit de la première mesure d'allègement des sanctions contre Cuba du président Obama depuis son arrivée au pouvoir, le 20 janvier.

Les Cubains jubilent

La nouvelle a commencé à circuler de bouche à oreille dans l'île communiste, où de nombreux habitants ont été avertis par un coup de téléphone d'un parent vivant à Miami.

D'autres l'ont entendue sur les chaînes étrangères transmises par satellite, illégalement installées chez eux, le gouvernement cubain de Raul Castro n'ayant pour sa part pas immédiatement réagi à l'annonce de la Maison-Blanche.

«C'est magnifique! C'était la nouvelle que tout le monde attendait. Espérons que cela marque le début d'une nouvelle relation entre Cuba et les États-Unis», a confié à l'AFP Ismary Hernandez, une employée de l'agence de tourisme Cubatur.

«Ce qu'Obama doit faire, c'est lever l'embargo une bonne fois pour toutes», a-t-elle ajouté.

Avant de prendre son vol pour Miami, où il réside depuis six ans, Ariel Gonzalez, qui est allé rendre visite à sa famille dans l'île, s'est dit lui «très content». «C'est une annonce fabuleuse, qui va permettre la réconciliation de la famille cubaine, qui est si divisée», dit ce Cubano-Américain de 37 ans.

Les États-Unis imposent depuis 1962 un embargo à l'île, sauf pour les produits alimentaires et pharmaceutiques. Cet embargo est régulièrement dénoncé par les Nations unies.

Les Américains d'origine cubaine ont pu se rendre librement à Cuba pendant une courte période de cinq ans, lorsque le président démocrate Jimmy Carter avait refusé, en septembre 1977, de renouveler les restrictions imposées à l'île, sanctions rétablies ensuite par son successeur Ronald Reagan en avril 1982.

Un scénario qui s'était reproduit avec les présidents Bill Clinton et George W. Bush, qui ont respectivement allégé puis renforcé les sanctions contre Cuba.

Il restera cependant interdit pour les Américano-Cubains d'envoyer de l'argent à des membres du régime castriste ou de l'armée, selon un responsable de la Maison-Blanche.

Pour le reste des Américains, seuls ceux ayant une raison jugée valable dans les domaines commercial, sportif, culturel ou religieux peuvent obtenir un visa pour se rendre dans l'île.

L'annonce de ces nouvelles règles intervient à quelques jours du sommet des Amériques, les 17 et 18 avril à Trinité-et-Tobago, un sommet auquel Cuba n'a pas été invité. Il s'agira du premier grand rendez-vous du continent avec M. Obama, dont l'administration a promis d'alléger l'embargo contre Cuba en fonction de ses avancées démocratiques.

Le vice-président américain Joe Biden a réaffirmé récemment que Washington attendait un « engagement ferme » de Cuba en faveur des droits de l'homme avant une éventuelle levée de l'embargo.

Sept représentants américains démocrates ont plaidé à Cuba la semaine dernière pour l'ouverture d'un dialogue avec l'île.

Selon un sondage de l'institut Rasmussen conduit les 9 et 10 avril auprès de 1000 personnes et diffusé lundi, 36% des Américains se disent favorables à une levée de l'embargo, contre 35% qui s'y opposent et 29% qui restent incertains.