L'Université Notre-Dame, un des fleurons de l'establishment catholique aux États-Unis, a provoqué une controverse inattendue en invitant Barack Obama à prononcer, le 17 mai, le rituel discours de fin d'année sur son campus de South Bend, dans l'Indiana.

Qualifiée de «scandale» par un groupe de catholiques conservateurs et condamnée par au moins un cardinal américain, cette invitation incitera un prélat local, l'évêque John D'Arcy, du diocèse de Fort-Wayne-South Bend, à boycotter pour la première fois en 25 ans la remise des diplômes à l'Université Notre-Dame.

 

La Société du cardinal Newman, groupe de catholiques conservateurs, a quant à elle lancé une pétition en ligne pour convaincre les responsables de Notre-Dame de retirer leur invitation au nouveau président, qui doit également recevoir le même jour et au même endroit un doctorat honorifique.

«C'est un outrage et un scandale que l'Université de Notre-Dame, une des plus prestigieuses universités catholiques aux États-Unis, accorde un tel honneur au président Obama, compte tenu de son soutien à l'égard de politiques et de lois qui contredisent directement les enseignements catholiques sur la vie et le mariage», peut-on lire dans la pétition de la Société du cardinal Newman, qui était appuyée par plus de 220 000 internautes au moment d'écrire ces lignes.

Qu'à cela ne tienne: le président de l'Université Notre-Dame, le père John Jenkins, n'a pas l'intention de céder aux demandes de la Société du cardinal Newman, dont l'objectif est le «renouvellement et le renforcement de l'identité catholique» dans les collèges et les universités se réclamant de cette religion aux États-Unis.

Dans un communiqué diffusé la semaine dernière, le père Jenkins a précisé que l'invitation faite au président Obama ne signifie pas que l'Université Notre-Dame appuie ses positions sur des sujets controversés comme l'avortement et la recherche sur les cellules souches embryonnaires.

Un honneur

«Des présidents des deux partis viennent depuis des décennies à Notre-Dame pour parler à nos diplômés, de même qu'à la nation et au monde, de sujets divers allant de la politique étrangère à la pauvreté en passant par le service social. Nous nous réjouissons que le président Obama poursuivra cette longue tradition qui consiste à aborder, à Notre-Dame, des questions importantes», a déclaré le président de l'université.

Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Barack Obama a pris au moins deux décisions qui ont déplu aux chrétiens les plus conservateurs aux États-Unis. Au troisième jour de son mandat présidentiel, il a mis fin à l'interdiction de verser des fonds publics aux organisations internationales qui pratiquent l'avortement ou donnent des informations sur l'interruption volontaire de grossesse.

Il y a trois semaines, le président a, en outre, signé un décret autorisant le financement fédéral des recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines. Ses positions plus progressistes sur les questions sociales ne l'avaient pas empêché, en novembre dernier, de récolter 54% du vote catholique contre 45% pour John McCain, son adversaire républicain.

Le cardinal-archevêque de Houston, Daniel DiNardo, fait partie de la demi-douzaine de prélats américains qui ont fustigé la décision de l'Université Notre-Dame d'inviter Barack Obama, trouvant «particulièrement troublant» l'attribution au président d'un doctorat honorifique en droit.

«Les évêques des États-Unis ont publié un document, il y a quelques années, demandant aux universités catholiques d'éviter de donner une tribune ou une distinction aux politiciens ou personnalités publiques qui font la promotion de la destruction de la vie à naître, a écrit le cardinal DiNario dans une lettre pastorale diffusée hier. Même en tenant compte de la dignité de la présidence, cette offre fournit une tribune et une distinction à une personnalité qui n'a pas caché son appui à l'avortement.»