Le cigarettier américain Philip Morris va devoir verser plus de 145 millions de dollars à la veuve d'un fumeur après dix ans de bataille judiciaire et trois audiences devant la Cour suprême des Etats-Unis qui lui a finalement donné tort mardi.

La plus haute juridiction américaine a expliqué dans une décision inhabituellement laconique qu'elle rejetait le dossier, affirmant qu'elle n'aurait pas du s'en saisir en juin.

C'est donc la dernière décision en date, celle de la Cour suprême de l'Etat de l'Oregon (nord-ouest), qui avait, en 2007, confirmé que le cigarettier devait verser 79,5 millions de dommages au titre de la «punition» pour sa fraude, des campagnes publicitaires niant les risques du tabac sur la santé, qui devient définitive.

Avec les intérêts, la somme a aujourd'hui dépassé les 145 millions de dollars.

Deux ans après la mort d'un cancer du poumon de Jesse Williams, un gros fumeur de Marlboro, un jury avait en effet estimé en 1999 que Philip Morris était en partie responsable. Conformément à la procédure civile américaine, il avait attribué ces dommages de «sanction», auxquels s'ajoutaient plus de 520.000 dollars de dommages au titre de la «réparation».

Après cette condamnation, Philip Morris avait saisi pour la première fois la Cour suprême en 2003. Les neuf sages avaient alors annulé cette condamnation, au motif que la «sanction» ne devait pas être plus de 10 fois supérieure à la «réparation», et demandé aux juridictions inférieures de refaire leurs calculs.

Mais en 2006, la Cour suprême de l'Oregon a rétabli la condamnation, estimant que le mal causé par le cigarettier à l'ensemble des fumeurs de l'Etat représentait une circonstance exceptionnelle.

L'affaire est revenue devant la Cour suprême américaine, qui a de nouveau annulé la condamnation en 2007, expliquant que la justice ne pouvait pas tenir compte du mal causé à des personnes qui n'ont pas porté plainte dans l'affaire.

En janvier 2008, la Cour suprême de l'Oregon s'est à nouveau rebiffée, et a invoqué un point de droit lié à la loi de l'Etat pour rétablir la condamnation.

Lorsqu'elle avait accepté de se saisir pour la troisième fois du dossier, la plus haute juridiction des Etats-Unis avait précisé qu'elle ne se pencherait pas cette fois sur la validité du montant mais sur l'autorité de la cour de l'Oregon à résister à ses décisions.