Lustres somptueux, comptoirs de bronze, colonnes de marbre : la Ville de New York a dépensé près de 15 millions de dollars pour son nouveau Bureau des mariages. Le but avoué ? Ravir à Las Vegas le titre de capitale des mariages.

Blanca Martinez est une sorte de légende à New York. Depuis 12 ans, cette employée du Bureau des mariages a célébré plus de 70 000 unions.

«Je suis considérée comme la personne qui a célébré le plus de mariages à New York», assure-t-elle, en souriant. Experte en la matière, elle est capable d'expédier une cérémonie en 30 petites secondes, si nécessaire...

Toujours enthousiaste, jamais blasée, il lui arrive d'unir plusieurs centaines de couples en une journée. Son record personnel? À la Saint-Valentin 2002, elle a répété «vous pouvez maintenant embrasser la mariée» 318 fois! Aujourd'hui, son visage est dans des milliers d'albums de photos aux quatre coins du monde.

«Il m'arrive régulièrement de marier des Allemands, des Français, des Canadiens et des Israéliens», précise-t-elle. Ces derniers sont généralement attirés par la rapidité avec laquelle ils peuvent convoler à New York. Le processus ne prend que 24 heures et ne coûte que 25$.

Un investissement

Populaire destination pour les tourtereaux au même titre que Las Vegas, New York était toutefois affligé d'un terrible handicap jusqu'à tout récemment. Son hideux Bureau des mariages dégageait le romantisme d'une succursale de l'assurance emploi.

Éclairé par des néons blafards, situé dans immeuble administratif, le Bureau des mariages était le royaume du tampon et de la file d'attente. Pour y parvenir, les futurs mariés devaient d'abord vider leurs poches et passer par un détecteur de métal.

Plus spacieux, les nouveaux locaux de style Art déco sont autrement plus avenants. La Ville a investi près de 15 millions de dollars et retenu les services du designer d'intérieur de Madonna, Jamie Drake, pour aménager sa nouvelle «usine à mariages». «Les tuiles viennent d'Italie. Quant aux lustres, je crois qu'ils ont coûté 10 000 $ chacun», précise avec fierté Evelyne Castaneira, une autre employée du Bureau.

170 langues

L'administration new-yorkaise considère cette dépense comme un investissement. «Nous voulons devenir la destination mondiale pour les mariages», a expliqué la mairesse adjointe, Patricia E. Harris, lors de l'inauguration des deux nouvelles salles, à la mi-janvier.

L'industrie du mariage est une grosse affaire aux États-Unis. Chaque année, il s'y dépense près de 90 milliards de dollars en bouquets et autres robes blanches. Las Vegas arrive toujours en tête pour le nombre de mariages qu'on y célèbre. En 2007, l'État du Nevada, où se trouve Sin City, a délivré 106 000 permis de mariage, contre 66 000 pour les cinq arrondissements new-yorkais. Mais New York rattrape du terrain.

«Depuis l'ouverture du nouveau bureau, le nombre de mariages a crû de 40%», soutient Jason Post, du service des communications de la Ville, tout en reconnaissant qu'il y a là un «effet de nouveauté».

En plus d'avoir amélioré l'apparence du Bureau des mariages, l'administration a également dépoussiéré ses façons de faire. Les futurs époux peuvent remplir leur formulaire par internet et être servis dans 170 langues grâce à la traduction téléphonique.

Quelques minutes avant de passer la bague au doigt d'Olga Shmukler, Carlos Fonseca se disait ravi de son expérience.

«Tout se passe rapidement, tout est efficace. Pour remplir la paperasse, cela ne m'a même pas pris une heure», se félicitait le jeune homme, vêtu d'un sobre complet noir et d'une cravate rayée.

«Et l'endroit est très élégant. Le mobilier est simple et chic à la fois», a-t-il ajout avant de rejoindre sa douce pour prendre des photos devant l'immense reproduction de la mairie de New York qui orne le hall. Las Vegas n'a qu'à bien se tenir.