Du haut de ses 14 ans, Jonathan Krohn est la nouvelle coqueluche de la droite américaine. De son domicile, en Géorgie, il explique pourquoi la politique est sa seule passion et pourquoi Obama n'est pas, selon lui, l'homme de la situation.

En comparaison du jeune Jonathan Krohn, Mario Dumont avait l'air d'un vieillard quand il s'est fait connaître au sein de l'aile jeunesse du Parti libéral au début des années 90. Jonathan Krohn n'avait même pas 14 ans quand il est devenu la coqueluche instantanée de la droite américaine le mois dernier.

 

Deux jours avant son 14e anniversaire, il a été invité à prononcer un discours à la Conférence sur l'action politique conservatrice à Washington. Livrée avec ferveur et aplomb, sa courte allocution a fait décrocher bien des mâchoires - et certainement quelques dentiers - dans l'assistance, qui lui a offert une ovation.

Depuis, il est de toutes les tribunes radio et télé du pays. De Fox à NBC et du New York Times à ABC, il passe ses journées à défendre les valeurs conservatrices et à pourfendre les idées de Barack Obama. «Généralement, je me lève et je fais une entrevue du matin avec une télé ou une radio, puis j'étudie. Si je dois faire une autre entrevue ou prononcer un discours, je le fais. Chaque journée est différente. Mais j'étudie et mon agenda est ultra chargé», explique-t-il posément.

Fils d'un informaticien et d'une vendeuse et ex-actrice, le jeune adolescent dit s'être intéressé à la politique dès l'âge de 8 ans. Le déclic qui lui a fait troquer ses G.I. Joe contre les talk-shows politiques? L'obstruction parlementaire des démocrates, il y a quelques années. Depuis, son intérêt pour la chose politique n'a cessé de grandir. La récente campagne présidentielle l'a même motivé à écrire un livre, Define Conservatism, qu'il promeut sans cesse.

Pourquoi la politique plutôt que les jeux vidéo? «Cela va avoir un impact sur mon avenir. Beaucoup de gens dans le gouvernement actuel jettent l'argent par les fenêtres sans penser à demain. Ils n'ont pas à s'inquiéter, ils ne seront plus là, c'est la prochaine génération qui va payer la facture», assure-t-il.

Le jeune prodige de la politique américaine a un parcours pour le moins inhabituel. Il ne va à l'école que cinq heures par semaine. Il y suit des cours selon une perspective chrétienne. Le reste du temps, ses parents lui donnent des cours à la maison. Passionné d'histoire, il apprend également le latin et l'arabe.

Souvent vêtu d'un costard-cravate qui lui donne des airs de Newt Gingrich miniature, le jeune conservateur a déjà sa «cassette politique» bien rodée. Il répète à qui veut l'entendre les principes fondamentaux du conservatisme: «Le respect de la Constitution, le respect de la vie, moins de gouvernement et plus de responsabilités pour les gens.»

Fan de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher, il ne cesse de vilipender le plan de relance de l'administration Obama. «Le président dépense pour étendre la portée du gouvernement», critique le jeune apôtre de l'orthodoxie conservatrice. «Barack Obama est le président le plus à gauche que j'ai vu de ma vie», a-t-il même été jusqu'à dire au New York Times dans un élan d'enthousiasme.

En faveur du port des armes à feu, opposé à l'avortement et refusant de voir un lien entre le réchauffement climatique et l'activité humaine, il estime que l'Amérique a besoin d'une «nouvelle révolution conservatrice». «Je prie pour que ce mouvement débute», écrit-il sur son blogue.

Aimerait-il se lancer un jour en politique? L'adolescent, qui se définit comme conservateur d'abord, républicain ensuite, assure que non. Il souhaite plutôt devenir animateur d'un talk-show politique, comme il y en a tant aux États-Unis. «Je préfère rire des politiciens plutôt que d'être un politicien dont on rit», ajoute-t-il.